Établir des règles

Écrans: établir et appliquer des conséquences pour votre ado

Par Équipe PAUSE, en collaboration avec Solène Bourque, psychoéducatrice, autrice et consultante pédagogique.

Écrans: établir et appliquer des conséquences pour votre ado

Les écrans sont une source de conflits fréquente dans les maisons. En effet, ce n’est pas toujours évident pour les ados de respecter les règles concernant l’utilisation de la techno. Mais comment établir les règles et quelles conséquences utiliser lorsqu’elles sont enfreintes? Et comment les appliquer? La psychoéducatrice et autrice Solène Bourque répond à nos questions.

Même s’ils et elles gagnent en autonomie en vieillissant, les ados ont encore besoin d’un encadrement parental pour maintenir de saines habitudes de vie… et ça inclut le numérique! Pour ce faire, pensez à clarifier auprès de votre jeune vos attentes ainsi que vos limites concernant son temps d’écran quotidien, mais aussi les moments opportuns pour utiliser ses appareils ainsi que le type de contenu qu’il ou elle peut visionner.

«Avant d’avoir une discussion avec votre enfant à ce sujet, faites-vous une idée sur les règles que vous souhaitez établir à la maison», recommande la psychoéducatrice Solène Bourque. La première étape, selon elle, est d’aller chercher de l’information sur les avantages d’Internet et des écrans ainsi que sur les méfaits qui peuvent découler d’une hyperconnectivité. Demandez à d’autres parents d’ados quelles sont leurs façons d’encadrer les écrans à la maison pour vous en inspirer. Discutez-en aussi avec l’autre parent. «Cela vous permettra d’établir des règles plus justes, qui ne sont pas basées sur des préjugés», précise-t-elle.

Établir des règles écrans pour et avec son ado

La psychoéducatrice insiste sur l’importance de consulter votre jeune lors de l’élaboration des règles. «L’ado doit être partie prenante de la discussion, dit-elle. Il ou elle doit comprendre pourquoi vous souhaitez mettre en place un cadre.» Prenez le temps de lui préciser la raison derrière chaque règle. Si vous interdisez les écrans dans sa chambre à coucher et une heure avant le dodo, par exemple, expliquez-lui que c’est dans le but de favoriser son sommeil. Si vous instaurez un temps d’écran, mentionnez-lui que c’est pour l’aider à trouver un équilibre entre l’utilisation de la technologie et les autres aspects de sa vie.

Profitez-en pour lui rappeler quelles sont les priorités. Précisez entre autres les activités et les tâches (ex.: les devoirs, le ménage de sa chambre, passer du temps dehors chaque jour) qu’il ou elle doit prioriser avant de penser aux activités de divertissement en ligne.

Qui dit règles, dit conséquences

Après avoir parlé avec votre ado des règles en lien avec les écrans , discutez ensemble des conséquences en cas de non-respect de celles-ci. «Les planifier vous évitera de prendre des décisions irréfléchies ou sous le coup de l’émotion lorsque vous surprendrez votre ado à enfreindre une règle», avance Solène Bourque.

Les conséquences devraient être établies le plus possible en fonction de la maturité de votre jeune, de la gravité de l’infraction, de la répétition du comportement et, éventuellement, de l’efficacité des conséquences précédentes. La psychoéducatrice propose d’opter pour des conséquences graduées. Confisquer le téléphone de votre jeune pour la soirée la première fois qu’il ou elle répond à un texto à la table durant le souper pourrait lui sembler une lourde conséquence. Mais si vous le ou la surprenez régulièrement à utiliser son cellulaire pendant les repas, il serait justifié d’en venir à cette solution.

Dans le même ordre d’idées, couper le Wi-Fi dans toute la maison pour obliger votre jeune à fermer son jeu vidéo sera sans doute considéré comme une mesure drastique. L’idéal, avant d’en arriver à cette option, serait de tenter de comprendre ce qui pousse votre enfant à dépasser le temps d’écran que vous aviez fixé. Ouvrez la discussion à ce sujet. Votre jeune pourrait vous expliquer qu’il ou elle a besoin d’une heure et demie pour compléter sa partie alors que vous lui accordez seulement une heure de temps de jeu quotidien. Vous pourriez ainsi ajuster la règle en fonction de son besoin et éviter les conflits répétitifs.

« L’ado doit voir le lien entre son infraction et la conséquence. Sinon, il ou elle n’y adhérera pas et va argumenter. »

Solène Bourque

psychoéducatrice

Solène Bourque rappelle que les conséquences doivent être logiques: si votre jeune dépasse le temps prévu sur les réseaux sociaux de 30 minutes, par exemple, la conséquence logique serait de lui enlever 30 minutes de temps d’écran une autre journée. En impliquant votre jeune dans l’application de la conséquence, vous favoriserez son adhésion. Vous pourriez pour ça lui demander à quel moment il ou elle préfère reprendre son temps, soit le lendemain ou durant la fin de semaine.

De la flexibilité dans l’application des conséquences

Lorsque vous surprenez votre jeune à enfreindre une règle, vous pouvez bien sûr émettre des avertissements avant d’imposer une conséquence… mais il importe d’assurer une cohérence. «La menace est une conséquence qui a malheureusement plus de conséquences négatives que positives», assure la psychoéducatrice, qui propose de suivre la règle des trois. «Après trois avertissements, la conséquence doit être appliquée, ajoute-t-elle. Autrement, l’ado sait que le parent désapprouve son comportement, mais qu’il ne se passe jamais rien.» Cela dit, vous pouvez demeurer flexible dans les situations exceptionnelles. Lors d’une réunion de famille notamment, vous pourriez allouer plus de temps d’écran à votre jeune pour lui permettre de jouer aux jeux vidéo avec ses cousins et cousines.

Au fil du temps, les règles devront sans doute être ajustées selon les besoins et les demandes de votre jeune. Solène Bourque conseille de prévoir des réunions familiales ponctuelles pour effectuer les ajustements: «De cette façon, il y a un espace prévu pour discuter. L’ado ne peut pas argumenter sur les règles n’importe quand durant la semaine. Puis ça lui donne le temps de réfléchir aux arguments pour appuyer sa demande.»

Elle voit aussi des avantages pour les parents. «En cas de conflit, avoir un délai permet de reprendre le contrôle de ses émotions et de prendre des décisions plus posées», poursuit la psychoéducatrice. Et pourquoi ne pas profiter de ces conseils de famille pour souligner les bons coups et les efforts de votre jeune quant à son usage de la techno?

Finalement, n’oubliez pas que les règles et les conséquences en lien avec l’utilisation d’Internet et des écrans ne visent pas uniquement à interdire certains comportements à votre ado. L’objectif ultime est de l’aider à gérer son temps d’écran de manière équilibrée et réfléchie, le tout pour lui inculquer de saines habitudes numériques à long terme.

Solène Bourque est psychoéducatrice, autrice et consultante pédagogique.