Améliorer ses habitudes

Est-ce que votre enfant vit bien avec l’ennui?

Enfant regarde son ombre qui elle dévoile un superhero

Dans notre société axée sur la performance, l’ennui est souvent perçu de façon négative. On (sur)charge donc l’horaire de nos enfants avec des activités de toutes sortes. Puis nos jeunes — et nous aussi! — se tournent vers un écran dès qu’ils ou elles ont une minute de libre. Mais connaissez-vous tous les bienfaits qui viennent avec le sentiment d’ennui?

Les bienfaits de l’ennui

L’ennui est une émotion. Une émotion qui peut être inconfortable à ressentir, soit… ce qui ne signifie pas qu’elle est négative. Au contraire! Lorsqu’elle est vécue de façon ponctuelle, elle peut avoir de nombreux bienfaits.

L’ennui représente une occasion pour les enfants:

  • d’apprendre à mieux se connaître;
  • de stimuler leur imaginaire et leur créativité;
  • de trouver des activités qui les intéressent;
  • d’apprendre à être bien avec soi-même et à jouer en solo;
  • de développer leur autonomie et leur capacité à prendre des décisions;
  • de consolider leurs apprentissages et leurs souvenirs;
  • de renforcer leur confiance en soi.

 

Chez les ados, l’ennui leur permet en plus

  • d’avoir un repos mental de la surcharge informationnelle liée à Internet et aux réseaux sociaux;
  • de trouver des solutions à leurs problèmes;
  • de rêver et d’imaginer leur avenir.

L’ennui est une émotion normale 

Dans un article du New York Times, la professeure adjointe en psychologie à l’Université de la Floride Erin Westgate explique que l’ennui est une émotion «normale, naturelle et saine».

Celle dont les recherches portent justement sur l’ennui soutient que cette émotion transmet le message que l’activité à laquelle on s’adonne est soit trop facile, soit trop difficile ou alors sans intérêt. «Empêcher les jeunes de s’ennuyer est une erreur, tout comme les empêcher de ressentir de la tristesse, de la frustration ou de la colère», affirme-t-elle.

Le problème, c’est qu’avec un téléphone en poche ou une tablette à portée de main, les jeunes peuvent s’informer, jouer, socialiser et se divertir partout et en tout temps. Les écrans représentent donc le moyen par excellence de remplir, voire de prévenir, ce sentiment de vide. Or, ils et elles se privent ainsi de tous ses bienfaits.

L’importance d’apprivoiser l’ennui

La meilleure façon d’aider les jeunes à apprivoiser l’ennui, c’est de les aider à mieux reconnaître cette émotion qui en cache souvent une autre. Si votre enfant se plaint de s’ennuyer, est-ce parce qu’il ou elle éprouve de la tristesse, de la frustration ou de la solitude? Parce qu’il ou elle désire avoir votre attention? Parce qu’il ou elle aimerait jouer en ligne?

Ensemble, mettez des mots sur ce qu’il ou elle ressent. L’important, c’est de normaliser le sentiment plutôt que de le percevoir comme un signe de détresse.

Selon Erin Westgate, les enfants qui n’ont jamais de temps de jeux libres (sans écran) risquent de ne pas découvrir leur amour inné pour la nature, le sport ou l’art, ni même le plaisir qu’ils et elles peuvent avoir en jouant ou en relaxant tout simplement.

5 façons de cultiver l’ennui chez votre jeune

1. Cessez d’utiliser les écrans pour éviter l’ennui. Est-ce que votre plus jeune réclame la tablette ou un jeu vidéo dès qu’il ou elle a un temps libre? Est-ce que votre ado a le réflexe de prendre son cellulaire dès qu’il ou elle a un moment d’attente? Les écrans sont souvent l’option la plus simple et accessible pour se distraire. «Mais, évidemment, ça ne signifie pas que c’est ce qu’il y a de mieux pour les jeunes dans cette situation», rappelle la spécialiste de l’ennui.

2. Faites de la place à l’ennui. Si vous avez l’habitude des horaires chargés, demandez à votre enfant: «Est-ce qu’il y a une activité que tu souhaiterais enlever pour la remplacer par du temps libre sans écran?» Durant ces moments, laissez votre enfant relaxer, rêvasser et laisser libre cours à son imagination.

3. Prévoyez des périodes libres. Fournissez à votre enfant plusieurs types d’activités sans écran vers lesquelles il ou elle pourra se tourner dans ses temps libres à la maison (ex.: livres, casse-têtes, crayons et cahiers à colorier, pâte à modeler, jeux de société).

4. Avec les moins de 5 ans, aidez-les à apprivoiser la solitude. Pour ce faire, commencez un jeu ou une activité avec votre enfant, pour éventuellement le ou la laisser continuer sans vous. Gardez le contact en lui donnant des rétroactions ou en lui posant des questions sur ce qu’il ou elle est en train de faire.

5. Laissez les temps libres… libres. Plutôt que de chercher à organiser tous les temps libres de votre jeune, laissez l’ennui l’amener à trouver de nouvelles façons de se divertir. En effet, si vous fermez tous vos appareils pour aller à l’extérieur et que votre enfant tourne en rond sans savoir quoi faire, il ou elle ressentira fort probablement un sentiment de vide. Or, pour atténuer ce sentiment, votre jeune cherchera une activité déconnectée qu’il ou elle aime, que ce soit jouer au ballon, attraper des insectes, dessiner avec des craies sur le trottoir ou lire un livre au soleil.

Et vous, est-ce qu’il vous arrive de vous arrêter? De mettre à votre horaire… de ne rien faire? De vous permettre de ressentir de l’ennui à l’occasion en laissant votre téléphone ou votre tablette de côté? On ne le répétera jamais assez: vous êtes un modèle pour votre enfant, donc n’oubliez pas de nouer ou de renouer, vous aussi, avec l’ennui.

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante.

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