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Selfies et image corporelle

Par équipe PAUSE en collaboration avec Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre

Selfies et image corporelle

Selon un sondage Léger commandé par l’organisme ÉquiLibre en 2021, le quart des jeunes Québécois de 14 à 17 ans trouvent acceptable de modifier leurs photos sur les réseaux sociaux afin d’améliorer leur apparence et à peu près autant aimeraient que leur corps ressemble à ceux qui y sont exposés. Nos ados sont donc à la recherche de l’image parfaite… mais à quel prix?

Instagram est le royaume des égoportraits (selfies). On peut y passer des heures à regarder des photos de nos amis et de nos vedettes préférées. Et, parce que les logiciels de retouches de photos sont plus accessibles et simples d’utilisation que jamais, la grande majorité des gens modifient leurs égoportraits dans le but de correspondre aux standards de beauté. Résultat: on est continuellement exposé à des images irréalistes et à des idéaux inatteignables. Est-ce qu’une personne peut affirmer sans mentir que tout ça n’affecte pas sa perception d’elle-même et son estime de soi?

Les ados, encore plus vulnérables

Si c’est difficile pour nous, les adultes, de ne pas laisser ces photos magnifiées influencer négativement notre image corporelle, les adolescents y sont encore plus vulnérables. «Ils traversent une étape de leur vie où leur physique change beaucoup à cause de la puberté et pas nécessairement selon les images de perfection qui leur sont présentées sur les réseaux sociaux. Cela crée un écart entre ce qu’ils voient et ce qu’ils aimeraient être», relate Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre.

En pleine quête identitaire, les ados ont également tendance à se comparer et à vouloir ressembler à leurs pairs. Or, les jeunes n’ont pas forcément développé l’esprit critique leur permettant de prendre du recul par rapport aux photos manipulées qu’ils regardent sur les réseaux sociaux. Ils vont donc suivre la parade. «Un sondage mené par Dove rapporte que les filles peuvent faire jusqu’à 14 selfies avant de choisir le meilleur, qu’elles vont ensuite améliorer avant de le publier», explique la porte-parole d’ÉquiLibre. Ce comportement mène souvent à de l’insatisfaction corporelle, à une perception négative de soi-même et à une baisse d’estime. Certains jeunes y sont plus à risque, notamment ceux qui:

  • passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux;
  • ont plus tendance à se comparer aux autres;
  • ont déjà une faible estime d’eux-mêmes;
  • ont des problèmes d’acceptation de leur corps;
  • ont été victimes de body shaming sur les réseaux sociaux (c’est-à-dire qu’ils ont été la cible de moqueries ou de critiques à propos de leur physique).

Conseils aux parents

Les parents ne pensent pas nécessairement à engager une discussion avec leur ado à propos des selfies et des photos retouchées. C’est pourtant un phénomène auquel leur jeune est confronté au quotidien. «Lorsque vous abordez le sujet, c’est important de ne pas diaboliser les réseaux sociaux ou de pas chercher à les bannir puisque ça fait partie de la vie des jeunes, prévient Andrée-Ann Dufour Bouchard. C’est un outil intéressant qui leur permet de rester au courant de l’actualité, de garder le contact avec les autres, de s’exprimer et d’explorer leur créativité.»

Les conversations avec votre ado au sujet des réseaux sociaux devraient plutôt l’encourager à en faire une utilisation positive et constructive. Conseillez-lui par exemple de…

… réfléchir à son usage des réseaux sociaux. De quoi est composé son propre profil? Est-ce une série de selfies ou ses publications sont-elles diversifiées? Est-ce que les comptes d’entraînement et de musculation auxquels il est abonné l’encouragent à se dépasser ou lui créent-ils des complexes? Est-ce que les influenceuses qu’elle suit sur Instagram la font sentir forte et belle ou plutôt moche et inintéressante? «Ultimement, les réseaux sociaux se veulent une source d’information et de divertissement. Donc, quand ce loisir fait plus de mal que de bien, il est peut-être temps de revoir la façon dont on en fait usage», souligne Andrée-Ann Dufour Bouchard.

… se créer un compte à son image. Expliquez-lui l’impact des algorithmes utilisés par les réseaux sociaux: plus il aime, commente et partage un certain type de contenu, plus il y sera exposé. «L’idée, c’est d’arrêter de suivre ou de commenter des contenus qui vont à l’encontre de ce qu’il veut voir. Il peut aussi masquer les publications commanditées qui lui déplaisent», note Andrée-Ann Dufour Bouchard. Dites-lui aussi de réserver ses mentions J’aime pour du contenu positif qui le fait sentir bien et de mettre en ligne plus de photos qui montrent ses activités, ses passions et ses intérêts (dans un but de partage et non pas de performance ou de compétition) plutôt que de seulement publier des selfies axés sur son apparence.

… viser plus d’authenticité. Est-ce que votre ado serait prête à relever le défi de moins retoucher ses photos, d’en retoucher une sur deux ou de ne plus les retoucher du tout? «Si elle le souhaite, elle pourrait même accompagner ses photos au naturel d’un texte pour encourager ses amis à faire de même», propose la porte-parole d’ÉquiLibre.

… développer son esprit critique. Regardez avec votre jeune le flux de ses réseaux sociaux afin de repérer les images retouchées et les publicités masquées, puis rappelez-lui qu’elles ne représentent pas la réalité. En prendre conscience l’aidera à prendre du recul.

Finalement, n’oubliez pas d’être un modèle pour votre jeune. En effet, on ne peut pas demander à notre ado de se montrer plus au naturel sur les réseaux sociaux si on est les premiers à publier des selfies modifiés. On veille également à diversifier nos publications en montrant ce qu’on fait puis ce qu’on aime, et ce, sans tomber dans la performance.

Étant donné que nous sommes tous différents et uniques, il revient donc à chacun de nous d’apprendre à nous aimer tels que nous sommes… et sans filtre!

Par Équipe PAUSE en collaboration avec Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre.