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Internet et les écrans: le fossé des générations

Internet et les écrans: le fossé des générations

Quand il est question d’utilisation d’Internet et des écrans, parents et enfants sont rarement sur la même longueur d’onde: alors que les adultes reprochent aux jeunes de passer trop de temps en ligne, ceux-ci se sentent incompris. L’équipe de PAUSE en a discuté avec deux ados et leurs parents.

Geneviève et Denis forment une famille reconstituée avec leurs 5 enfants, dont 2 ados: Jérémy (15 ans) et Cloé (13 ans). La maisonnée est bien connectée avec ses 18 écrans (télévisions, cellulaires, tablettes, etc.) au total. Cloé possède un iPod et un cellulaire (sans ligne téléphonique), dont elle se sert surtout pour texter ses amis et utiliser les réseaux sociaux. Quant à Jérémy, il a un iPod, un iPad et une console de jeux vidéo. Sa présence en ligne se résume principalement aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux.

Les jours de semaine, les jeunes disent utiliser leurs appareils une vingtaine de minutes au réveil, à l’heure du dîner à l’école pour Cloé, et une heure ou deux en soirée après la période des devoirs. Les jours de congé, ils peuvent en profiter à leur guise. «On n’a pas trop de règles, mais on est capables de s’arrêter», assure Cloé… tout en ajoutant que les parents doivent parfois émettre la remarque qu’ils exagèrent et leur demander de faire autre chose. Il faut dire que les ados dépassent un peu la recommandation concernant l’utilisation des écrans, qui est de deux heures maximum par jour pour les loisirs.

Un fossé générationnel

Geneviève est âgée de 41 ans et Denis, de 53 ans. Ils n’ont donc pas grandi avec Internet comme leurs enfants aujourd’hui. Ce fossé générationnel ne peut pas faire autrement que de générer de l’incompréhension. «Moi, quand j’étais jeune, j’étais tout le temps dehors. Je me dépêchais à manger pour ressortir. Maintenant, les enfants se dépêchent à manger pour aller sur leur écran, et on a de la misère à les envoyer jouer dehors, peu importe la température», déplore Denis.

Geneviève est d’accord avec son conjoint. Mais elle dit comprendre que, si la vie sociale des enfants se déroulait autrefois en plein air, elle se passe désormais en ligne. «Quand Jérémy joue seul à un jeu vidéo, il décroche beaucoup plus rapidement que lorsqu’il joue en ligne avec ses amis», explique-t-elle. Même chose pour Cloé, qui, selon Geneviève, ne serait pas aussi active sur les réseaux sociaux si ses amis n’y étaient pas pour aimer et commenter ses publications. «C’est sa façon de faire du social», dit-elle.

Discuter des écrans en famille

Dans la famille de Geneviève et Denis, Internet et les écrans ne sont pas une source majeure de conflits. Par contre, les parents savent que ça pourrait le devenir si les enfants en venaient à les utiliser trop ou aux mauvais moments, ou alors s’ils regardaient du contenu pas approprié pour leur âge. «Internet a beaucoup d’avantages: c’est autant un lieu d’information, de socialisation, d’éducation que de divertissement. Mais le piège est d’y passer trop de temps, justement parce qu’il peut tout faire et qu’il nous facilite la vie», pense Geneviève.

Histoire d’aider les jeunes à viser une utilisation équilibrée, les parents doivent en discuter ouvertement avec eux. Du haut de ses 13 ans, Cloé y va d’un conseil: «Essayez de ne pas chicaner votre enfant ou de couper le Wi-Fi, parce que ça pourrait causer des conflits. C’est mieux de passer un commentaire, comme nos parents le font. De cette façon, personne ne pogne les nerfs ou n’est fâché. On est capable de comprendre le message sans se faire crier dessus.»

Trouver un juste milieu entre le temps passé en ligne et hors ligne

Les ados savent que leurs parents n’aiment pas les voir passer autant de temps en ligne. «Ils nous disent: “Si c’est comme ça que tu t’amuses, vas-y. Mais trouve un juste milieu, va jouer dehors, fais d’autres activités.” Je sais qu’ils ont raison et j’essaie de le faire», jure Jérémy. Sa demi-sœur et lui affirment qu’ils se tournent vers leurs écrans de façon machinale, dès qu’ils ont un temps libre. «Quand on n’a rien à faire, c’est notre petit moment où l’on s’amuse», précise Cloé.

Pour éviter les conflits parents-enfants à cause des écrans, et aussi pour limiter le temps passé en ligne par tous les membres de la famille, des règles d’utilisation ont été instaurées chez Geneviève et Denis: tous les écrans doivent être fermés pendant les études, de même que durant les repas, qui sont pris en famille. «La console de jeux de Jérémy est plus réglementée. Je la lui ai même déjà confisquée les jours de semaine pendant une certaine période, parce que je jugeais qu’il devait mettre plus d’efforts à l’école», se rappelle la maman.

Les moments en famille sans écrans, c’est gagnant!

Toute la famille s’entend pour dire que l’utilisation des écrans des ados varie beaucoup en fonction des activités prévues à l’horaire, Cloé faisant partie de deux équipes de cheerleading et Jérémy, de l’équipe de hockey de son école. «Nos enfants font beaucoup de sport, donc ça diminue leur temps d’écran. Cela amène un certain équilibre, qui fait qu’on n’a pas trop de démesures à gérer», explique Geneviève.

Puis, lorsque des activités familiales sont prévues, les membres de la famille n’hésitent pas à laisser leurs appareils de côté. «Les enfants sont contents de passer du temps avec nous. Ils ne se retirent pas pour aller sur leurs écrans», souligne Geneviève. Les ados le disent eux-mêmes: ils aiment les activités en famille. «On passe de beaux moments. Ça nous rapproche. Quand on est sur notre écran, on n’est pas nécessairement avec notre famille et on met nos priorités sur des choses moins importantes», conclut Jérémy.

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante

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