
Améliorer ses habitudes
Témoignage
16 mai 2023
Maman de trois enfants, Fanta sentait qu’elle avait un peu perdu le contrôle des écrans à la maison, en particulier depuis la pandémie. Mais un événement est venu changer la donne: le 24h de PAUSE – Édition famille. Cette journée a chamboulé les habitudes numériques de tous les membres de la famille… et pour le mieux!
Pour Fanta, comme pour bien d’autres parents, la vie va vite. La maman d’une fille de 12 ans et de deux garçons de 9 et 5 ans occupe un emploi à temps plein dans le domaine des communications. Puis, comme son époux travaille sur la route six ou sept jours par semaine, elle se retrouve seule à la maison la majeure partie du temps pour prendre soin des enfants, en plus de cuisiner les repas, de faire les courses et tout le reste.
Dans la maison, la télévision et l’ordinateur sont vite devenus des moyens de distraire les plus jeunes pendant qu’elle veille aux tâches ménagères ou qu’elle prend un moment pour se reposer. «Je n’ai pas de réseau social ni de famille qui habite près pour m’aider, alors je devais trouver quelque chose pour que les enfants restent calmes quand je suis occupée», explique la jeune femme. Depuis qu’elle a immigré au Québec en 2006, les écrans représentent également les principaux moyens de communication avec les grands-parents et la famille à l’étranger.
Puis est arrivée la fameuse pandémie. Le nombre d’appareils dans la maison a augmenté en fonction des besoins de chacun: pour l’école en ligne des jeunes, les communications avec la famille et son travail. Résultat: les enfants se partagent aujourd’hui une télévision, un portable, une tablette et l’ancien cellulaire de leur maman. «Ils trouvent tous les moyens pour les utiliser. Dès qu’ils ont deux minutes, ils allument un appareil. Le week-end, ils pourraient s’en servir du matin au soir», déplore-t-elle.
Mais ce qui désole le plus Fanta, c’est de voir ses enfants, chacun avec son appareil, à la table durant le souper. «Il y en a un sur l’ordinateur, un sur la tablette et un sur le téléphone pendant qu’ils mangent, en plus de la télévision qui joue en arrière-plan bien souvent. Ça n’a aucun sens», dit-elle. Débordée, la femme admet avoir du mal à être un modèle puisqu’elle passe elle-même beaucoup d’heures en ligne chaque jour. «Je fais quasiment tout sur mes écrans: mon travail, mon temps de distraction et mon temps personnel, consacré principalement à des formations en ligne et à la lecture.»
L’année dernière, l’ophtalmologiste a annoncé à l’aînée qu’elle était atteinte d’un degré avancé de myopie. «J’ai réalisé qu’il fallait qu’on change nos habitudes numériques», commente Fanta. Étant donné que la majorité des membres de la famille sont myopes, les répercussions des écrans sur la vue étaient déjà une préoccupation importante pour eux.
En 2022, la famille, qui habite dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, a participé pour la première fois au 24h de PAUSE en famille. «Cela a littéralement changé ma vie et celle des enfants», clame Fanta.
C’était un jour de mai. «Il a plu, mais la météo ne nous a pas empêchés d’aller jouer au parc», se rappelle la cheffe de famille. Le clan est ensuite rentré pour jouer à des jeux de société, puis il est ressorti pour aller collationner dans une crêperie.
« C’était une journée magnifique. Les enfants ont adoré! Sans écran pendant 24 heures, c’était du jamais vu! »
Ce défi a suscité plusieurs prises de conscience chez les petits comme chez les grands. Fanta a compris qu’elle devait consacrer plus de moments à jouer avec les enfants et à les distraire, pour qu’ils fassent autre chose qu’être collés sur leurs écrans… quitte à faire moins de ménage et à trouver des astuces pour passer moins de temps dans la cuisine. Elle a aussi réalisé que, si les jeunes ont développé le réflexe d’allumer un appareil dès qu’ils ont deux minutes de libre, c’est probablement parce que c’est la forme de distraction la plus à portée de main. «Depuis quelques années, ils n’avaient pas tant de crayons pour dessiner, de casse-tête ni de jeux à leur disposition», raconte-t-elle.
Depuis le 24h, Fanta tente de mieux contrôler le temps d’écran à la maison. Elle a par exemple demandé aux deux plus vieux de les utiliser pendant une heure maximum en revenant de l’école. Et les enfants coopèrent bien! Elle constate d’ailleurs qu’ils sont beaucoup plus réceptifs à la notion de prendre des pauses depuis leur expérience de déconnexion. «Quand je leur dis d’éteindre leur appareil, il n’y a plus de chicane, ils comprennent», soutient-elle.
Fanta a inscrit ses enfants à des cours d’arts martiaux afin de les inciter à bouger davantage. Elle les a aussi abonnés à la bibliothèque pour qu’ils puissent emprunter des livres et des jeux. «La dernière fois qu’on y est allés, ma fille est ressortie avec 12 livres et, le lendemain, elle en avait déjà lu 8», s’étonne encore la maman, qui a pour sa part commencé à lire des livres au plus jeune le soir avant le dodo. Fanta veille également à laisser traîner des feuilles, des crayons et des livres dans la maison pour donner d’autres options de distraction à ses enfants que les appareils connectés. Cela a permis au benjamin de redécouvrir le dessin.
L’hiver dernier, la famille a pris une fin de semaine de vacances à l’extérieur de la ville. «Sur le chemin du retour, ma fille m’a dit: “Tu réalises qu’on a passé tout un week-end sans les écrans?” Ils n’en ont même pas eu conscience pendant le week-end tellement ils s’amusaient!», se réjouit Fanta.
Sensibilisés à l’importance de prendre des pauses, les enfants de Fanta avertissent maintenant leur maman lorsque celle-ci dépasse les bornes. «Parfois, mon jeune de 5 ans va me dire que je passe trop de temps devant l’écran et que je dois prendre une pause. Quand ça vient d’eux, c’est extraordinaire! C’est là qu’on voit l’effet que le 24h a eu sur nous tous», conclut Fanta.
Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante
Crédit photographique: Ketut Subiyanto Pexels