Témoignage

La gestion des écrans avec des enfants d’âges différents, un double défi

La gestion des écrans avec des enfants d’âges différents, un double défi

Si les recommandations concernant l’usage des écrans par les jeunes varient en fonction de leur âge, c’est parce que les possibles méfaits d’une surutilisation diffèrent selon leur niveau de développement. Sophie, maman d’une fillette de presque 10 ans et d’un garçon de 6 ans, nous explique comment elle réussit à naviguer entre les demandes des enfants et les règles qu’elle souhaite imposer à chacun.

Sophie l’admet d’emblée: la gestion de la techno dans la maison a été relativement simple jusqu’à ce que sa fille souffle sur huit bougies… durant un moment où la pandémie nous confinait dans nos demeures pendant de longues semaines. «Depuis une année ou deux, ma fille est vraiment plus attirée par les écrans», reconnaît-elle.

Il faut dire que Sophie et son conjoint ont entrepris l’encadrement des différents appareils connectés dans la maison dès le plus jeune âge de leurs enfants. Des contrôles parentaux ont d’abord été installés. Sur la télévision qui se trouve dans le salon, par exemple, les enfants possèdent chacun un compte jeunesse et l’accès au compte adulte est bloqué par un code de sécurité. Sur leur cellulaire respectif (ils ont tous les deux hérité d’un ancien téléphone de leur parent, sans carte SIM), les applications sont limitées. «Après une discussion en famille, nous avons décidé ensemble quelles applis seraient installées sur chacun des téléphones», mentionne-t-elle.

Des règles communes

Dans la maison familiale située en banlieue de Montréal, le nombre d’appareils connectés dont les jeunes disposent est similaire à celui de bien d’autres foyers québécois. En plus de leur cellulaire et de la télévision, les jeunes ont accès à une tablette électronique, un portable et deux consoles de jeux vidéo. Des règles concernant l’usage des différents écrans ont donc été établies pour les enfants. «Ça s’est fait de façon graduelle », précise Sophie. Elle explique que les appareils connectés sont interdits dans les chambres à coucher la nuit et que le portable familial doit être utilisé dans la salle à manger lorsque les enfants jouent à des jeux en ligne afin que les parents puissent garder un œil sur eux. Puis le temps d’écran est limité aux fins d’après-midi les jours de semaine ainsi qu’aux matins dès le réveil et aux fins d’après-midi les fins de semaine, toujours à raison de 1 h à 1 h 30 par période environ. «Nous sommes une famille sportive, donc nous organisons beaucoup d’activités les fins de semaine. Mais il arrive qu’on permette plus de temps d’écran quand il ne fait pas beau à l’extérieur», explique Sophie.

Or, ces journées où les enfants passent plus de temps devant leurs appareils connectés, les parents constatent des changements dans leur comportement. «Ma fille est plus maussade et irritable. Elle devient impatiente, surtout avec son petit frère! Puis elle prend plus de temps à s’endormir le soir», rapporte la maman, en ajoutant que son fils aussi a une moins bonne attitude.

Différents âges, différentes règles

Puisque l’aînée a les deux pieds dans la préadolescence et que le benjamin n’est qu’en première année du primaire, des règles spécifiques à chacun ont été déterminées en fonction de leur âge. «C’est aussi une question de personnalité. Ma fille a toujours été plus responsable et autonome que son frère», commente la maman dans la trentaine.

Sur son cellulaire, fiston n’a pas accès à autant d’applications que sa sœur. Il dispose de quelques jeux et d’un accès au compte Spotify de sa mère pour écouter de la musique, tandis que la plus vieille peut communiquer avec ses amis sur Messenger Kids et regarder des vidéos sur YouTube, en plus d’avoir un compte sur le jeu en ligne Roblox. Le temps d’écran du plus jeune est également davantage supervisé.

Quant à l’aînée, les parents surveillent tout particulièrement ses activités en ligne et ils ont déjà eu plusieurs conversations avec elle à propos de la sécurité sur Internet. «Nous avons discuté de cyberharcèlement et, plus récemment, d’empreinte numérique parce que ses amis et elle ont commencé à s’envoyer des photos et des vidéos sur des groupes de chat en ligne», rapporte Sophie.

Bâtir une relation de confiance en lien avec les écrans

En raison de son âge, l’aînée bénéficie de quelques privilèges en lien avec les écrans… ce qui ne plaît pas au plus jeune! «Le principal enjeu chez nous, c’est l’équité », clame Sophie. Si sa fille se sert de son téléphone pendant 5 minutes, son fils voudra utiliser un appareil durant 5 minutes aussi. La maman doit alors lui rappeler que sa sœur est plus âgée, donc que c’est normal que les règles diffèrent un peu.

Cela dit, le benjamin adhère plus facilement aux diverses règles en lien avec la techno, alors que la préado a commencé à les remettre en question dernièrement. Lorsque vient l’heure d’éteindre son appareil, entre autres, il y a toujours une période de négociation parce qu’elle souhaite gagner quelques minutes supplémentaires en ligne. «Il y a de plus en plus d’obstination et de crisettes de préado, comme je les appelle», souligne Sophie. D’ailleurs, son conjoint et elle «se préparent mentalement» à voir augmenter le temps d’écran de leur fille au cours des prochaines années. «C’est normal, dit-elle. C’est une enfant de son époque. C’est de son âge. On va s’adapter au fil du temps.»

Sophie a un seul conseil à donner aux parents qui ont des enfants d’âges différents comme elle afin que les règles en lien avec Internet et les écrans passent bien, et c’est de prendre le temps de les expliquer avant de les instaurer. «Cela permet de garder la discussion ouverte et de cultiver une relation de confiance avec eux», conclut-elle.

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante

Infolettre

Abonnez-vous à notre infolettre