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Réseaux sociaux et désinformation: les pièges à éviter

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Réseaux sociaux et désinformation: les pièges à éviter

Lors de la toute première représentation d’un film au cinéma, l’auditoire, pris de panique, a quitté la salle, convaincu qu’il serait percuté par le train projeté à l’écran. Si l’on porte un regard actuel sur cette anecdote historique, il est facile de porter un jugement sur la réaction des spectateurs. Et pourtant…

Vous souvenez-vous de cette vidéo d’un enfant enlevé par un aigle royal dans un parc montréalais? Elle avait fait le tour des réseaux sociaux, traversé les frontières et avait même été partagée par des journalistes! Pourtant, il s’agissait d’un ingénieux montage d’étudiants en animation 3D. Comme quoi, même à notre époque, nous sommes facilement trompés par ce que nous voyons.

Quels sont les pièges auxquels porter attention pour être des consommateurs de réseaux sociaux à l’esprit critique affûté?

Piège n° 1: notre cerveau!

Même si nous savons que le contenu que nous consommons est de la fiction, certaines parties de notre cerveau se laissent tout de même berner. Par exemple, lorsque nous visionnons un film d’horreur, l’amygdale (structure qui réagit à la peur) s’active comme si nous étions confrontés à un danger réel1.

Sur les réseaux sociaux, la ligne entre réalité et fiction est nettement plus mince qu’au cinéma. Les créateurs de contenu sont des personnes réelles qui nous ressemblent à de nombreux égards. Mais à l’instar des acteurs, elles ont parfois, elles aussi, un scénario à lire. Et bien que nous sachions que le contenu que nous consommons est édulcoré, filtré, modifié, son influence demeure. Par conséquent, je vous invite à vous rappeler régulièrement que les images auxquelles vous êtes exposé sur les réseaux sociaux sont aussi, en partie, des œuvres de fiction. Et surtout, je vous encourage à vous abonner aux personnes qui mettent de l’avant l’authenticité et le vrai, sans artifice.

Piège n° 2: les vrais et les faux experts

Dans les dernières années, la crédibilité et l’autorité que nous conférions aux experts dans divers secteurs semblent s’amoindrir. Les études ou les avancées scientifiques sont remises en question au profit de l’expérience personnelle. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes s’improvisent «experts», ce qui peut s’avérer inquiétant, voire dangereux. Ces individus mettent de l’avant les connaissances acquises par leur propre vécu, sans avoir la compétence pour guider les autres. Ils prodiguent parfois des conseils qui ne bénéficient d’aucun soutien scientifique ou carrément nuisibles. Bien entendu, cela n’implique aucunement que la valeur de l’individu soit liée à sa formation scolaire. Cependant, une personne ne peut s’improviser expert en santé mentale parce qu’elle a surmonté un épisode dépressif ou encore nutritionniste parce qu’elle a perdu du poids.

En fait, un témoignage, c’est l’équivalent d’une étude qui ne comporte qu’un seul sujet. Comme si je vous disais: «toutes les femmes dans la trentaine aiment les chiens», mais que je n’avais interrogé qu’une seule personne… moi-même! Évidemment, les témoignages ont leur pertinence. En effet, il est rassurant de se reconnaître dans les propos d’autres individus qui ont vécu les mêmes difficultés. En revanche, cela ne remplace aucunement les recommandations d’un professionnel.

Mentionnons finalement qu’il n’est pas non plus souhaitable de faire confiance aveuglément à quelqu’un qui est une sommité dans son domaine, comme l’a si bien démontré l’expérience de Milgram2!

Piège n° 3: confondre information et opinion

Plusieurs personnes tendent à confondre opinion et information. Voici un exemple illustrant la distinction entre les deux concepts: mon amie pâtissière et moi allons manger une part de gâteau. De mon côté, je préfère celui aux carottes, alors que mon amie a un penchant pour celui au chocolat. Qui a raison? Personne (ou les deux), car nos avis sont équivalents. Cependant, si nous cherchons à rendre le gâteau plus moelleux, je me tournerai vers elle pour obtenir l’information la plus juste et pertinente.

Ainsi, si un créateur de contenu tient certains propos, je vous invite à vous questionner:

  • Est-ce son opinion ou une information?
  • S’il s’agit d’une information, est-ce que la source est crédible?
  • D’autres experts dans le domaine partagent-ils le même discours?

Il existe plusieurs autres pièges à éviter lorsque nous consommons du contenu sur les réseaux sociaux:

  • la propension à ne pas remettre en question les informations qui contredisent nos présomptions initiales;
  • la difficulté à comprendre les statistiques que l’on nous présente;
  • la tendance à accorder une plus grande crédibilité à une personne que l’on trouve belle;
  • etc.

Je vous imagine me répondre que vous utilisez vos téléphones cellulaires pour vous détendre et que tout cela vous paraît compliqué et peu agréable. Pourtant, les réseaux sociaux constituent assurément l’une des principales sources d’information (et peut-être même la seule) à laquelle vous vous exposez. Il faut donc demeurer vigilant, surtout lorsque l’on se renseigne sur sa santé mentale et physique.

Bonne réflexion!

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