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Connaissez-vous la trajectoire de services en cyberdépendance?

Intervenants: trajectoire de services en cyberdépendance

Dans le cadre de votre travail, vous avez probablement déjà croisé des ados que vous soupçonniez d’avoir une utilisation problématique des jeux vidéo, des réseaux sociaux ou encore de leurs applications de diffusion en continu (streaming). Vous en côtoyez peut-être même en ce moment. Mais connaissez-vous l’outil que vous pouvez utiliser pour effectuer un dépistage et savez-vous où les diriger, au besoin?

Si vous travaillez avec une ou un jeune qui passe beaucoup de temps en ligne et qui présente des comportements préoccupants tels qu’une négligence de son hygiène corporelle, un manque d’interactions sociales, de l’irritabilité ou un repli sur soi, vous lui avez sans doute proposé une rencontre pour en discuter.

Afin de détecter une éventuelle Utilisation Problématique d’Internet (UPI) et de préciser les besoins de l’ado en matière de services, vous pouvez utiliser l’outil Dépistage et Évaluation du Besoin d’Aide – Utilisation Problématique d’Internet (DÉBA-Internet). Cet outil développé par une équipe de recherche spécialisée en dépendance du Québec fait partie de la grande famille des outils DÉBA qui sont validés et utilisés depuis plusieurs années au Québec. D’ailleurs, vous vous servez peut-être déjà des grilles pour le dépistage des problèmes liés à l’alcool et aux drogues ainsi qu’aux jeux de hasard et d’argent.

Même si l’outil est disponible en ligne gratuitement, sachez qu’une formation sur son utilisation est requise. Si vous souhaitez suivre la formation, nous vous invitons à joindre la personne répondante régionale en dépendance du CISSS ou du CIUSSS de votre région ou à consulter le site du RISQ.

Diriger ou non vers un service spécialisé en cyberdépendance?

Le résultat de l’outil DÉBA-Internet vous indiquera si vous devez diriger l’ado vers un service spécialisé en dépendance du CISSS ou du CIUSSS de votre région dans le but d’obtenir une évaluation plus approfondie. Cette évaluation déterminera le type de service qui sera proposé à l’ado et à sa famille, s’il y a lieu.

Si une UPI est détectée, l’ado bénéficiera probablement d’un suivi en externe dans l’un des services spécialisés en dépendance de votre région. Elle ou il demeurera donc à la maison et continuera d’aller à l’école durant sa thérapie. Par contre, si la situation clinique est complexe ou s’il y a un risque que la problématique s’aggrave en maintenant la ou le jeune dans les services externes, on lui recommandera plutôt de suivre une thérapie avec hébergement.

Dans les deux cas, la ou le jeune sera suivi par un intervenant-pivot ou une intervenante-pivot qui la ou le soutiendra dans sa démarche et travaillera à maintenir sa motivation.

La thérapie avec hébergement pour la cyberdépendance

Au Québec, l’organisme qui propose des services de thérapie avec hébergement pour l’UPI aux jeunes de 12 à 17 ans s’appelle Le Grand Chemin. Il offre trois points de service, soit à Montréal, à Québec et à Saint-Célestin dans le Centre-du-Québec.

L’ado que l’on encourage à suivre une thérapie avec hébergement pourra, dans un premier temps, faire une visite du centre (avec ses parents ou non). Une demande d’admission pourra ensuite être déposée. Le temps d’attente pour être admis ou admise est de plus ou moins deux semaines.

Lors de leur séjour au Grand Chemin, les jeunes doivent respecter un horaire précis, dont des heures pour l’éveil et le coucher ainsi que pour les repas, et doivent prendre soin de leur hygiène personnelle. Elles et ils suivent des classes scolaires au centre le matin de même que des ateliers de groupe en après-midi et vivent diverses activités sportives, artistiques et culturelles. Durant les fins de semaine, les jeunes se retrouvent dans un chalet en forêt pour des séances d’intervention par la nature et l’aventure.

Chaque ado est suivi sept jours sur sept par une équipe d’intervenants et d’intervenantes en réadaptation. Une personne de l’équipe les rencontre de façon individuelle d’une à trois fois par semaine. Dès la première semaine, un plan d’intervention avec des objectifs hebdomadaires à atteindre est établi. De façon générale, les séjours au Grand Chemin durent de 8 à 10 semaines, pendant lesquelles les ados apportent des améliorations significatives dans plusieurs sphères de leur vie.

Le retour à la maison après une thérapie pour cyberdépendance

Après une thérapie en hébergement, un programme de réinsertion sociale d’une durée de 16 semaines est offert. L’ado retourne alors vivre dans sa famille, mais elle ou il peut retourner au centre chaque semaine pour assister à une rencontre individuelle ou de groupe. Un guide d’accompagnement est fourni aux parents pour les aider à bien soutenir leur enfant dans son rétablissement. Une conseillère ou un conseiller à la famille continue pour sa part d’effectuer un suivi avec les parents.

Comme c’est le cas avec tout type de dépendance, le rétablissement est un processus. L’ado qui complète une thérapie continuera de rencontrer des défis en lien avec son utilisation d’Internet et des écrans. Le soutien de ses parents, mais aussi des autres adultes significatifs dans sa vie, comme vous, sera important pour l’aider à retrouver de saines habitudes numériques.

Pour mieux intervenir auprès des jeunes et de leurs parents, visitez notre Espace professionnel afin d’aller chercher des outils et des informations, tant en prévention des méfaits liés à l’utilisation d’Internet et des écrans qu’en soutien aux personnes plus à risque. Puis n’hésitez pas à recommander le site Web de PAUSE aux parents qui cherchent de l’information sur l’hyperconnectivité et sur les façons de viser un équilibre numérique à la maison.

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante