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L’usage des cellulaires en classe: résumé des connaissances actuelles

Par équipe PAUSE

image avec un cellulaire, un sac à dos et des livres d'école

Vous le savez sans doute: l’usage des cellulaires dans les écoles primaires et secondaires est un sujet de débat. Leurs avantages et leurs inconvénients alimentent en effet bien des discussions! Pour vous éclairer, voici les principales conclusions d’une revue de la littérature sur le sujet.

Carolanne Campeau est conseillère en prévention des risques liés à l’usage des écrans pour PAUSE, en plus d’étudier au doctorat en recherche en sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke. Dans le cadre de ses études, elle a effectué une revue de la littérature sur l’usage des appareils mobiles personnels en classe (incluant la tablette et le cellulaire) afin de résumer les connaissances actuelles sur le sujet.

Les aspects positifs et négatifs des cellulaires en classe

Sur la question des appareils mobiles personnels en classe, les études exposent les deux côtés à la médaille. D’une part, certaines études rapportent que ces appareils facilitent l’accès aux ressources éducatives et l’engagement des élèves dans le processus d’apprentissage. D’autre part, plusieurs études démontrent qu’ils sont une source de distraction susceptible d’affecter la performance académique et d’empirer des problèmes tels que la cyberintimidation et la tricherie.

«Comme le soulignent plusieurs recherches, les effets liés à l’utilisation des appareils mobiles personnels à l’école varient en fonction de plusieurs facteurs. Par exemple, l’âge de l’élève, ses besoins particuliers (comme des difficultés d’apprentissage), ses compétences technologiques ainsi que les politiques encadrant l’usage des appareils personnels dans son école sont à prendre en compte.»

Carolanne Campeau

Conseillère en prévention des risques liés à l’usage des écrans pour PAUSE

Des directives à propos des cellulaires en classe qui portent à confusion

En 2018, le ministère de l’Éducation a lancé un Plan d’action numérique visant à favoriser la réussite scolaire, ce qui a amorcé une transition numérique dans les écoles québécoises. Or, à la fin de 2023, le ministère a interdit les appareils mobiles personnels dans les classes des milieux scolaires (y compris les écoles primaires et secondaires) tout en donnant la possibilité au personnel enseignant de les autoriser à des fins pédagogiques, mais sans donner plus de précisions.

Ces directives gouvernementales peuvent semer la confusion auprès des élèves. C’est sans compter les messages contradictoires qu’ils et elles reçoivent de la part du personnel scolaire, qui tantôt les encourage à utiliser des appareils technologiques à des fins éducatives, tantôt les met en garde contre les risques d’une utilisation intensive.

5 recommandations concernant les cellulaires en classe

À la lumière des informations recueillies dans le cadre de sa revue de la littérature, Carolanne Campeau formule cinq recommandations afin de maximiser les avantages des appareils mobiles personnels en contexte scolaire et d’en réduire les risques.

1. Préciser en quoi consiste l’usage pédagogique de ces appareils.

La définition d’objectifs pédagogiques spécifiques, par exemple par le conseil d’établissement, aiderait le personnel enseignant à reconnaître plus facilement les utilisations appropriées des cellulaires en classe. Ces précisions devraient ensuite être clairement communiquées aux élèves qui en font l’usage.

2. Former le personnel enseignant aux nouvelles technologies.

À l’heure actuelle, les membres du personnel enseignant n’ont pas tous et toutes le même niveau de compétences et de connaissances générales au sujet de la technologie. Cette inégalité a une influence négative sur les effets que peut avoir l’usage des écrans chez les élèves, augmentant le potentiel d’effets néfastes. L’idéal serait donc de développer des pratiques pédagogiques qui exploitent les avantages des appareils utilisés en contexte scolaire tout en minimisant leurs risques.

3. Développer et instaurer des programmes d’éducation spécifique à l’usage approprié des écrans en collaboration avec les jeunes, les parents et le personnel enseignant.

L’éducation à l’usage des appareils devrait être offerte dès le primaire et pourrait porter sur:

  • l’enseignement de compétences qui favorisent un usage des écrans plus responsable et productif dans un contexte d’apprentissage, mais aussi un usage récréatif qui est positif, conscient, sécuritaire et équilibré;
  • l’enseignement de compétences pratiques, telles que la maîtrise des fonctions de base des appareils, la navigation sur Internet, l’utilisation d’applications éducatives, la collaboration en ligne et la création de contenu;
  • la sensibilisation des jeunes aux enjeux de protection de la vie privée, de sécurité en ligne, de lutte contre la cyberintimidation et de gestion saine du temps d’écran.

Cela pourrait prendre la forme de cours formels, d’activités intégrées au curriculum, d’ateliers interactifs ainsi que de discussions sur les enjeux éthiques et les ressources en ligne.

4. S’assurer de rendre des appareils disponibles à l’ensemble des élèves afin de réduire les inégalités en matière d’accès à la technologie et de compétences numériques.

Une enquête québécoise rapporte qu’il y a une diminution du nombre d’écoles disposant d’un laboratoire informatique traditionnel (53 % en 2021 contre 39 % en 2023). Or, l’accès limité à la technologie peut amener les jeunes à utiliser leur appareil mobile personnel en classe, ce qui comporte plus de risque.

5. Évaluer les différentes politiques régissant l’usage des appareils dans les écoles.

Les résultats permettraient de mieux comprendre leur effet sur les jeunes, de découvrir les pratiques les plus efficaces et de garantir un cadre qui favorise le bien-être des élèves, le tout sans accroître les disparités d’accès à la technologie et de compétences numériques. Plusieurs recherches soulignent effectivement le manque d’études rigoureuses sur les conséquences générales de l’utilisation des écrans dans les salles de classe ainsi que sur les facteurs influant sur ces effets.

L’usage des écrans, une responsabilité collective

Ces recommandations visent à stimuler une réflexion parmi les parties prenantes afin d’identifier des pistes d’action pour améliorer les pratiques en prévention des risques liés à l’usage des appareils mobiles personnels en contexte scolaire.

«Façonner un avenir où nos jeunes seront aptes à utiliser leurs appareils de manière positive et éclairée est une responsabilité collective. Ensemble, nous pourrons relever ce défi qui améliorera le bien-être de nos jeunes et de notre société dans son ensemble.»

Carolanne Campeau

Conseillère en prévention des risques liés à l’usage des écrans pour PAUSE

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