Méfaits et cyberdépendance

Cyberintimidation: signes et 4 façons d’intervenir

Cyberintimidation: signes et 4 façons d’intervenir

Vous croyez que votre ado est victime de cyberintimidation et vous vous demandez comment l’aider? L’idéal est d’en parler avec lui et de lui démontrer votre soutien… tout en restant prêt à intervenir au besoin.

Le phénomène de l’intimidation chez les jeunes n’est pas nouveau. De tout temps, certains deviennent malgré eux la cible d’insultes, de moqueries ou d’attaques verbales répétées dans la cour d’école, au parc ou dans les rues du quartier. De nos jours, Internet est l’un des principaux lieux de socialisation des jeunes en dehors de l’école. Ce n’est donc pas surprenant d’y retrouver le même type de comportements. On parle alors de cyberintimidation puisque les messages blessants ou menaçants sont envoyés grâce à un appareil technologique (ordinateur, tablette, cellulaire) par le biais des réseaux sociaux, des boîtes de clavardage (chats) des jeux en ligne, sur des blogues ou par textos, par exemple.

De l’intimidation à grande échelle

La cyberintimidation, c’est de l’intimidation à grande échelle. En effet, contrairement à des menaces proférées dans la cour d’école devant un groupe de jeunes, les gestes de cyberintimidation peuvent être vus par un très grand nombre de personnes à travers le monde et peuvent continuer de circuler longtemps. Les jeunes victimes n’ont donc pas de répit: les messages haineux en ligne les suivent partout, à l’école comme à la maison, de jour comme de nuit. Quant aux intimidateurs, ils ont tendance à se montrer plus agressifs en ligne que hors ligne puisqu’ils ne voient pas les conséquences de leurs actes sur la personne et qu’ils peuvent agir de façon anonyme.

Même si elle se déroule principalement en ligne, la cyberintimidation peut avoir de nombreux impacts négatifs, parfois très sérieux, sur la vie hors ligne, que ce soit sur le plan social, scolaire ou personnel.

Quelques signes de cyberintimidation à surveiller

Selon l’Institut de la statistique du Québec, les jeunes de moins de 25 ans, notamment les filles et les enfants de 11 à 13 ans, sont plus souvent la cible de comportements d’intimidation en ligne. Par ailleurs, les utilisateurs des réseaux sociaux et des services de clavardage en ligne sont proportionnellement plus nombreux à se considérer des victimes de cyberintimidation.

La cyberintimidation peut complètement chambouler la vie de la victime. Des changements notables sont souvent observés dans son comportement, son humeur et même dans ses activités en ligne. Le jeune peut, par exemple :

  • éviter d’utiliser ses appareils connectés ou, au contraire, y passer plus de temps que d’habitude;
  • se montrer plus discret sur sa vie en ligne;
  • recevoir un nombre plus important de messages sur Internet ou sur son cellulaire;
  • esquiver les conversations au sujet de ses activités en ligne;
  • ne plus vouloir aller à l’école ou éviter certaines situations et activités;
  • perdre des amis ou s’isoler;
  • prendre du retard dans ses travaux scolaires ou avoir une baisse dans ses résultats;
  • sembler plus triste, vulnérable, frustré ou impatient que d’habitude;
  • être troublé par certains messages qu’il reçoit en ligne ou sur son cellulaire;
  • vivre du stress, de l’anxiété ou de la détresse;
  • perdre l’appétit ou le sommeil;
  • avoir des idées suicidaires.

4 façons d’intervenir si votre ado est victime de cyberintimidation

Si vous croyez que votre jeune est victime de cyberintimidation, prenez le temps d’en discuter calmement avec lui, sans le blâmer ni dramatiser la situation. Il pourrait hésiter à se confier, que ce soit par peur, honte ou embarras. Si c’est le cas, expliquez-lui que la cyberintimidation est inacceptable et que c’est important d’en parler avec vous, mais aussi avec ses amis, ses enseignants et les adultes en qui il a confiance. Dites-lui que, tous ensemble, vous réussirez à mettre un terme à son problème d’intimidation. Pour passer à l’action:

  1. Dénoncez l’intimidateur: Si ce dernier fréquente la même école que votre enfant, avisez la direction de la situation. Si vous croyez que des infractions au Code criminel ont été commises par l’intimidateur (p. ex. : harcèlement, menaces physiques, attaques à la réputation, diffusion d’images intimes sans le consentement de la personne, vol d’identité, extorsion), contactez la police pour faire un signalement. Si des commentaires violents, des photos inappropriées ou des abus ont été publiés sur un réseau social (Facebook, Instagram, Snapchat, TikTok), avisez-en les opérateurs. Ceux-ci peuvent, par exemple, envoyer un avertissement à l’intimidateur, fermer son compte ou bloquer la communication entre votre jeune et lui. Prévenez également vos fournisseurs de services Internet et de téléphonie mobile. La plupart ont une politique en matière de cyberintimidation.
  2. Collectez les preuves: Faites des captures d’écran des messages haineux et conservez-les précieusement. Ce dossier vous sera utile si vous effectuez un signalement à la police ou si vous engagez une action civile (pour atteinte à la vie privée ou infliction délibérée de douleur ou de détresse psychologique, par exemple).
  3. Demandez à votre jeune de couper le contact avec la personne qui l’intimide: Dites-lui de ne pas répondre à son intimidateur et d’ignorer ses messages. Surtout, conseillez-lui d’éviter de répondre en intimidant son intimidateur, ce qui pourrait déclencher une spirale négative incontrôlable. Proposez plutôt à votre ado de retirer la personne de sa liste d’amis ou de contacts et de la bloquer sur les plateformes en ligne qu’elle utilise pour le harceler. Votre jeune peut aussi modifier son nom d’utilisateur et ses paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux. Si des messages haineux sont envoyés par textos, vous pouvez aviser la compagnie de téléphone pour faire bloquer le numéro de l’intimidateur.
  4. Faites retirer une photo ou une vidéo à caractère sexuel en ligne: Signalez l’image à l’opérateur du réseau social ou de la plateforme en mentionnant l’âge de votre ado. Précisez qu’il apparaît sur l’image, mais que ce n’est pas lui qui l’a publiée. Ajoutez qu’il n’a jamais consenti à sa mise en ligne et qu’il souhaite qu’elle soit retirée. Pour plus d’informations, contactez AidezMoiSVP.ca.

Finalement, si votre ado semble en détresse ou si vous craignez qu’il ait des idées suicidaires, allez chercher une aide professionnelle en santé mentale (psychologue scolaire ou en pratique privée, travailleur social de l’école). Vous pouvez également appeler en tout temps Info-Santé (811), la LigneParents ou conseiller à votre enfant de contacter Tel-Jeunes ou Jeunesse, J’écoute.

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante

Sources: teljeunes.com, needhelp.now.ca, canada.ca

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