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Témoignage
Texto ou tête-à-tête: que préfèrent les ados?
10 mai 2022
Texto, appel, DM, FaceTime, snap, story: les manières de communiquer se multiplient. Ces modes de communication ont-ils remplacé le tête-à-tête? De quelle manière les jeunes préfèrent-ils échanger entre eux? On leur a posé la question.
On rapporte que le temps passé en tête-à-tête amical chez les ados a radicalement chuté depuis 2010, pile au moment où la culture numérique a pris un essor sans précédent (Twenge, et autres, 2019). En 2012, 49 % des jeunes déclaraient que leur mode de communication préféré était le tête-à-tête; 6 ans plus tard, ce nombre descendait à 32 % (Common Sense, 2018). Les ados souhaiteraient-ils définitivement troquer les rencontres en tête-à-tête pour les options en ligne? La question se pose.
Le confinement pendant la pandémie: une prise de conscience
On a discuté avec des ados de l’effet que le confinement avait eu sur leur utilisation du numérique. Ils et elles décrivent une véritable prise de conscience à la suite des mesures sanitaires liées à la pandémie, mesures qui les ont tenu(e)s à distance de leur entourage. Une chose est certaine pour leur part: le confinement remet le contact humain en perspective.
«Bien que la technologie puisse faire beaucoup de choses, elle ne remplacera jamais le contact humain. Être physiquement avec mes ami(e)s, c’est ça qui m’a le plus manqué durant le confinement.» – Jérémie, 16 ans
«Notre manière de socialiser va changer parce qu’on va apprendre à ne pas tenir pour acquis nos interactions physiques. Ce n’est pas du tout pareil en personne et à travers un écran; je l’ai toujours su, et là, ça semble encore plus important.» – Aymen, 19 ans
Pourquoi le tête-à-tête est-il aussi satisfaisant?
Une première raison expliquant pourquoi la relation en personne s’avère agréable est la richesse de la communication non verbale. Malgré la panoplie d’emojis à notre disposition, et ils sont nombreux, les expressions faciales, le ton de la voix et la gestuelle demeurent des indices essentiels de l’état d’esprit de la personne devant nous, qui ne se transposent pas à l’écrit. Combien de «hahaha» avons-nous écrits sans que nos fossettes affichent le moindre mouvement?
Yoan, 15 ans, note les limites du texto en précisant son manque de fluidité: «En parlant via les réseaux, on cherche à retrouver les mêmes émotions. Je cherche à retrouver la spontanéité, surtout! Par exemple, quand je suis dehors avec mon groupe d’ami(e)s, les différents sujets abordés viennent de façon naturelle: c’est fluide! Quand on débat sur une thématique, répondre du tac au tac ne se fait pas de la même façon que lorsque je pianote sur mon écran par une story Instagram.» Le fait de se trouver dans un même lieu permet de discuter de ce qui se déroule près de soi, de débattre en évitant certains malentendus, de réagir en temps réel. En fin de compte, nos interactions sociales sont plus harmonieuses et synchronisées.
Afin de pallier le manque de spontanéité, Vincent, 13 ans, nous raconte qu’avant les mesures sanitaires, il n’appelait pas ses amis par vidéo; durant le confinement, il en a découvert l’habitude, et est allé jusqu’à le faire 5 fois par semaine.
Dans d’autres contextes où il devient important de réfléchir au contenu de son message, le fait de pianoter sur le clavier de leur appareil mobile ou de leur ordinateur peut être très apprécié des jeunes. Rédiger en solitaire offre le temps et l’espace pour réfléchir aux mots adéquats, sans affronter une réaction directe ou prématurée de la personne devant soi.
Toutefois, il faut s’assurer d’avoir été bien compris, car le texte laisse davantage place à interprétation.
Pourquoi rester en communication avec ses ami(e)s même après les avoir vu(e)s toute la journée à l’école?
Premiers amours, amitiés intenses, joies et conflits, sentiment d’appartenance à différentes communautés: l’adolescence se définit par un virage vers la communauté d’ami(e)s. Communiquer avec ses ami(e)s est essentiel pour gérer son stress, affirmer son identité, s’identifier aux personnes de son âge, développer son autonomie et forger son regard sur le monde. Ces habitudes des ados relativement aux textos semblent parfois excessives aux yeux d’adultes qui n’ont pas connu ces moyens de communication dans leur jeunesse, mais ceux-ci doivent se rappeler que les groupes d’ami(e)s sont primordiaux à cette période de la vie.
Laura, 16 ans, nous explique que communiquer à distance n’est pas une préférence, mais un choix par défaut: «Même avant la pandémie, mes parents n’acceptaient pas que je voie mes ami(e)s la semaine, alors c’est certain que je leur parle davantage sur mon cellulaire. Pas parce que j’aime plus ça que le tête-à-tête, mais juste parce que c’est possible.»
Valoriser les rencontres en chair et en os
La meilleure façon de connaître le mode de communication préféré de son enfant est de lui poser tout simplement la question.
Ensemble, vous pouvez discuter ouvertement des avantages et des inconvénients de la communication virtuelle, par messages textes ou par visioconférence, en comparaison aux rencontres en personne. N’hésitez pas à conseiller votre ado sur les sujets qui conviennent mieux au tête-à-tête qu’au texto, et à lui faire amorcer une réflexion sur l’importance que certaines conversations aient lieu en présence même lorsque le propos est difficile.
En conclusion, le tête-à-tête reste bien sûr la méthode de communication qui comble le mieux nos besoins sociaux. Mais vous n’aurez probablement pas à convaincre votre enfant de cette réalité…
Référence: Common Sense Media
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