Le binge watching, vous connaissez?

Qui n’a jamais regardé en rafale plusieurs épisodes d’une télésérie, trop captivé ou captivée par le fil de l’histoire? Si le binge watching occasionnel est répandu, il peut parfois devenir problématique. Voyez comment éviter d’en développer une habitude nuisible.

On parle de binge watching (visionnage en rafale ou visionnage boulimique en français) pour qualifier le visionnement de plusieurs épisodes d’une série télé les uns à la suite des autres, de façon compulsive. Ce terme est inspiré du binge drinking et du binge eating, soit le fait de boire de l’alcool ou de manger de manière excessive et sans contrôle.

Il n’y a pas encore de consensus parmi les spécialistes quant au nombre d’épisodes regardés ou au temps de visionnement pour que ça soit considéré comme du binge watching. Or, c’est clair qu’il est étroitement lié au sentiment de perte de contrôle et à la difficulté de mettre fin au visionnage ou d’en réduire la durée. Et n’oublions pas que le temps d’écran à des fins de loisirs devrait être limité à deux heures par jour pour les ados et les adultes…

Les tactiques qui mènent au binge watching

Le binge watching s’est popularisé avec l’avènement des services de vidéo sur demande, tels que Netflix, Crave, Amazon Prime Video, ICI TOU.TV et YouTube. Grâce à ces plateformes, nous avons accès à une multitude de contenus, qu’il est possible de regarder à tout moment, aussi longtemps qu’on le veut, sur n’importe quel appareil connecté, et ce, à coûts abordables ou tout à fait gratuitement.

Les entreprises derrière les services de vidéo sur demande – et parfois les séries elles-mêmes – ont développé plusieurs tactiques afin de capter et maintenir notre attention le plus longtemps possible, et donc, de nous inciter au visionnage en rafale.

Parmi celles-ci:

• la mise en ligne de tous les épisodes de la saison d’une série en même temps;
• la lecture automatique;
• le compte à rebours avant le démarrage du prochain épisode;
• l’accessibilité de la plateforme sur une multitude d’appareils connectés;
• la possibilité de télécharger des émissions à l’avance;
• la fenêtre qui montre l’intrigue de l’épisode suivant;
• la fin en suspens des épisodes;
• les notifications ou les alertes lorsque les nouvelles saisons sont disponibles à l’écoute;
• les recommandations de séries en fonction de nos préférences (algorithmes);
• les listes qui présentent les séries les plus populaires du moment.

Quand le binge watching est occasionnel

Le binge watching n’est pas une activité problématique en soi. Il peut arriver à tout le monde de s’y adonner à l’occasion pour relaxer ou se divertir. Il peut aussi être agréable de se rassembler en famille ou entre amis et amies pour regarder quelques épisodes d’une série télé et en discuter après coup.

Le binge watching est également associé à une meilleure expérience de visionnement. L’immersion dans l’histoire est plus profonde, il devient donc plus facile de suivre l’intrigue et de s’identifier aux personnages.

Quand le binge watching devient problématique

Le binge watching peut toutefois devenir problématique pour certaines personnes. Par exemple, quand le visionnage en rafale sert à s’évader, à tromper la solitude ou encore à échapper aux problèmes de la vie, aux émotions négatives ou au stress.

Le visionnage en rafale peut alors entraîner divers méfaits:

• sur le plan physique (p. ex: troubles du sommeil, fatigue, sédentarité, moins bonne alimentation);
• sur le plan psychologique ou social (p. ex.: sentiment de vide après avoir terminé une série, sentiment de honte ou de culpabilité après avoir passé un long moment à regarder plusieurs épisodes d’affilée, diminution des interactions sociales, procrastination).

Quant aux personnes qui s’adonnent fréquemment au visionnage en rafale (les heavy binge watchers), elles peuvent vivre des symptômes d’anxiété ou de dépression, de l’isolement, une diminution de la performance à l’école ou au travail ou du FOMO (Fear of Missing Out). Certaines vont tenter de compenser les effets négatifs du binge watching en regardant plus de séries, ce qui les enferme dans un cercle vicieux et les rend plus à risque de développer une utilisation problématique d’Internet (UPI).

4 façons de réduire les méfaits liés au binge watching

1. Configurer les paramètres des services de vidéo sur demande et des appareils des membres de toute la famille pour mieux contrôler votre temps d’écran.

• Sur les plateformes de services de vidéo sur demande: désactivez le compte à rebours et désactivez la lecture automatique.
• Sur les appareils: fixez une limite d’utilisation quotidienne pour les plateformes de services de vidéo sur demande, configurez un horaire de sommeil sur vos appareils mobiles, sur certains téléviseurs intelligents, programmez un arrêt automatique à une heure précise et évitez de télécharger les plateformes des services de vidéo sur demande sur tous vos appareils connectés.

2. Développer votre autocontrôle.

Déterminez d’avance un nombre d’émissions ou une durée de visionnement à ne pas dépasser. Puis éteignez votre écran une fois la limite atteinte. 

3. Instaurer une règle zéro écran dans les chambres à coucher pour la nuit.

Prévoyez une station de recharge dans la maison, à l’extérieur des chambres, où toute la famille pourra déposer ses appareils mobiles, une heure avant le coucher.

4. Discuter avec votre ado de ses habitudes de visionnage de séries. Demandez-lui, par exemple:

• Quelles séries regardes-tu en ligne?
• Combien de temps consacres-tu par jour au visionnage de séries?
• T’adonnes-tu au binge watching à l’occasion? Souvent? Pour quelles raisons?
• Pourquoi penses-tu que les services de vidéo sur demande, comme Netflix, nous font automatiquement passer à l’épisode suivant?
• Comment pourrais-tu réduire tes moments de binge watching?

N’oubliez pas que tous ces conseils sont aussi bons pour vous que pour votre ado! En tant que parent, il est important de montrer l’exemple.

Si vous sentez que les habitudes de visionnage de séries de votre ado sont rendues hors de contrôle, n’hésitez pas à aller chercher une aide professionnelle.

Sources: digitalwellnesslab.org, researchgate.net, researchgate.net, sciencesdirect.com, tandfonline.com