Les écrans et la vision des enfants en 5 questions

Le système visuel est en développement jusqu’à l’âge de 2 ans sur le plan physiologique et jusqu’à 8 ans sur le plan neurologique. Il est donc plus malléable, plus flexible. Puisque l’œil se développe par stimulation optique, la qualité du signal qui y entre dicte la façon dont il va grandir, normalement ou non. Or, les écrans sont des stimulations nuisibles pour l’œil.

Cela peut occasionner une fatigue oculaire qui, elle, cause divers symptômes (vision floue ou double, sécheresse oculaire, yeux rouges, irritation des yeux, larmoiement, maux de tête).

Cela dit, c’est souvent la distance d’observation des écrans qui est un problème chez les enfants. Lorsqu’on soumet l’œil à un stress visuel intense, comme de regarder les écrans plusieurs minutes ou plusieurs heures par jour à de très courtes distances, ça force la convergence des yeux vers le nez. Une pression est ainsi créée sur le globe qui, lui, va pousser l’œil à s’allonger plus que la normale. S’il y a des problèmes d’alignement des yeux à la base — ce qui est tout à fait normal chez les enfants parce que leur œil n’est pas formé complètement avant 8 ans —, ceux-ci seront exacerbés. C’est pourquoi les problèmes de coordination des yeux et d’accommodation d’un ou des deux yeux (faculté de l’œil de focaliser pour obtenir une image nette) doivent être traités chez les jeunes. Ces problèmes peuvent occasionner de la fatigue visuelle, des maux de tête, une diminution de l’attention ou de la concentration ainsi que des retards de lecture et d’apprentissage. Ils augmentent également le risque de myopie chez les enfants.

Je leur conseille de suivre les recommandations de temps d’écran selon l’âge de l’enfant et d’adopter de saines habitudes pour les yeux. C’est important de garder une bonne distance avec l’appareil, qui équivaut à notre avant-bras. À ce sujet, la télévision et l’ordinateur sont préférables au cellulaire ou à la tablette parce qu’ils permettent de conserver une bonne distance d’observation… Encore faut-il que l’éclairage ambiant soit adéquat (pas dans le noir), qu’il n’y ait pas de reflet dans l’écran et que la position de l’enfant soit ergonomique.

À l’âge de 3 ans, le premier examen chez l’optométriste est vraiment important parce qu’il permet de s’assurer que les structures de l’œil sont correctes. Plus tôt on découvre et on traite un problème visuel, plus on a de chances de le régler rapidement. Autrement, le problème ne peut qu’empirer…

Et puisque les yeux ne sont pas déconnectés du reste du corps, les enfants doivent adopter de saines habitudes de vie pour s’assurer que leurs yeux se développent dans les meilleures conditions possibles. Pour prévenir l’apparition de la myopie chez les jeunes, on recommande de les faire jouer dehors au moins 1 h par jour (idéalement 2 h) afin d’exposer leurs yeux à la lumière naturelle, puis d’éviter les écrans en soirée parce que ceux-ci affectent la qualité du sommeil.

La réponse n’est pas évidente lorsqu’on consulte les recherches indépendantes parce qu’une partie de la lumière bleue serait dommageable, mais une autre partie serait protectrice. Ce n’est pas bien défini encore. Les études sur ce type de lunettes disent toutefois qu’elles coupent uniquement 20 % de la lumière bleue émise par les écrans. Elles ne sont donc pas aussi utiles qu’on peut le penser! Pour limiter l’exposition à la lumière bleue émanant des appareils, ce qui est vraiment efficace, c’est d’activer leur fonction de filtre intégré (ex.: night shift) parce que cela coupe la lumière bleue à la source.

Consultez votre optométriste le plus tôt possible si vous observez que votre enfant plisse des yeux ou les frotte régulièrement, cligne souvent des yeux devant un texte ou un écran, déborde beaucoup en coloriant (après la 2^e année), a de la difficulté à suivre un objet en mouvement ou trébuche dans des endroits non familiers. Votre optométriste vérifiera s’il y a un problème visuel qui peut se régler ou être atténué par des exercices oculaires ou des lunettes de vision. Après, c’est important de modifier les habitudes numériques à la maison pour éviter que le trouble de la vue augmente ou qu’il revienne s’il a été réglé… Et il n’est jamais trop tard pour bien faire!