Quand s'inquiéter?
Quand s'inquiéter?
Utilisation problématique d’Internet: votre ado est-il à risque?
12 juillet 2021
Votre ado passe beaucoup de temps en ligne, et ça vous inquiète? Certains comportements de votre jeune mériteraient en effet d’attirer votre attention sur une possible utilisation problématique d’Internet. PAUSE en a discuté avec le travailleur social et auteur de Sommes-nous trop branchés? La cyberdépendance, Amnon Jacob Suissa. Sachez tout de même qu’avec votre soutien, dans la majorité des cas… ça va bien aller!
Amnon Jabob Suissa
Travailleur social T.S
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PAUSE: depuis le début du confinement, à peu près tout le monde a augmenté son temps d’écran. Croyez-vous qu’il y a plus de risques pour les ados de développer une utilisation problématique d’Internet (UPI), surtout qu’ils ne retourneront pas à l’école avant plusieurs mois?
Amnon Jacob Suissa: Bien avant la pandémie, il y avait déjà pas mal de problèmes. Une étude récente a rapporté que les adolescents au Canada passent en moyenne près de sept heures par jour devant les écrans. Et, de manière générale, le temps d’écran a triplé au cours des 10 dernières années. Alors, dans le contexte actuel, qui impose à tout le monde un recours aux écrans pour tout ou à peu près tout, c’est certain qu’on peut s’attendre à un usage plus abusif, à une hyperconnectivité. Mais de là à dire que les jeunes en viendront à développer une utilisation problématique d’Internet (UPI) ou une cyberdépendance, ça, c’est une autre question. Les études le montreront plus tard.
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PAUSE: Est-ce que les facteurs de risque de développer une UPI sont les mêmes en ce moment, en période de confinement, qu’en temps normal?
AJS: La solitude et le stress étaient déjà des facteurs de vulnérabilité, que le confinement est venu exacerber. Cela dit, les jeunes les plus susceptibles de développer une UPI demeurent ceux qui avaient préalablement des dispositions à surutiliser Internet et les jeux vidéo, de même que ceux qui maintiennent peu de liens sociaux ou qui n’ont pas réussi à diversifier leurs sources de plaisir et leurs champs d’intérêt hors ligne notamment.
Au contraire, dans les familles qui avaient instauré des règles d’utilisation claires, des limites définissant ce qui est acceptable et ce qui l’est moins ainsi que des rituels, comme des repas sans écran, les jeunes réussiront à garder le contrôle et un certain équilibre malgré le confinement.
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PAUSE: Quels sont les comportements chez les ados qui devraient préoccuper plus particulièrement les parents?
AJS: Les troubles du sommeil, la négligence de l’hygiène personnelle, la non-participation aux repas ou aux tâches en famille, le manque de communication et d’interactions sociales, le repli sur soi. Tous ces comportements devraient alerter les parents. Il est aussi extrêmement important pour eux de distinguer l’usage (qui peut être augmenté, mais quand même acceptable) de l’abus. Si le jeune ne fait que ça toute la journée, on est assurément dans l’abus.
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PAUSE: Que conseillez-vous aux parents qui désirent intervenir auprès de leur enfant concernant une possible UPI?
AJS: Tout d’abord, les parents doivent ouvrir des portes pour amener leur ado à parler de ses émotions et de ses sentiments. Pour ça, il ne faut pas parler des écrans comme tels, mais de la relation que nous entretenons avec les écrans. Il y a là une grande distinction. Pour entamer la discussion, les parents peuvent commencer par parler de leur propre relation aux écrans ou par poser des questions ouvertes à leur enfant sur ce qu’il vit en ligne. Lui donner la parole, c’est lui donner le pouvoir de recadrer la relation qu’il entretient avec les écrans.
Pour prendre conscience de son utilisation réelle, chaque membre de la famille peut tenir un petit journal de bord pendant une semaine, en notant la nature de l’activité (social, divertissement, études), le nom des personnes qui y ont participé, le moment ainsi que la durée. Cela permet de comparer le temps réel par rapport au temps prévu. Un exercice souvent révélateur, tant pour les parents que pour les jeunes, car nous passons en général plus de temps en ligne que ce que nous croyons.
Plutôt que d’interdire les écrans, les parents devraient en limiter le temps d’utilisation, en tenant compte de leur fonction aujourd’hui par rapport à avant le confinement. Si le cellulaire est tout ce qu’il reste à votre jeune pour garder le contact avec ses amis, par exemple, il faudra en tenir compte lorsque vous définirez ensemble un temps maximal d’utilisation. (En cas de désaccord, c’est vous qui avez le dernier mot.)
Finalement, c’est le rôle du parent de planifier du temps en famille sans écran, de fixer un certain nombre de limites et de règles, puis de s’approprier de l’information sur les écrans pour la transmettre à leur jeune. Et, surtout, de donner l’exemple en étant un modèle positif…
Si vous avez des questions ou des inquiétudes concernant l’usage d’Internet et des écrans de votre jeune, n’hésitez pas à contacter une ressource d’aide.
Amnon Jacob Suissa est un travailleur social professionnel et un professeur associé à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal. Il s’intéresse au phénomène des dépendances comme problème social ainsi qu’à la méthodologie de l’intervention auprès des familles. Il a publié en 2017 Sommes-nous trop branchés? La cyberdépendance aux Presses de l’Université du Québec.
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