Quand s'inquiéter?

Ados, écrans et pandémie: entre souplesse et encadrement

Par équipe PAUSE, en collaboration avec Dre Magali Dufour, PhD

Ados, écrans et pandémie: entre souplesse et encadrement

En ce contexte de crise, certains parents sont inquiets de voir leur ado passer beaucoup de temps en ligne, d’autres se sentent coupables de le laisser aller. L’experte en cyberdépendance, Magali Dufour, tient à nous rassurer en nous rappelant que mettre des balises quant à l’utilisation des écrans est tout de même de mise en cette période hors du commun.

Dre Magali Dufour

Dre Magali Dufour

psychologue

  • Comment le confinement a-t-il changé la relation des gens en général avec les écrans et des ados en particulier?

    Le bon côté, c’est qu’Internet et les écrans ont permis à nombre d’entre nous de poursuivre nos activités quotidiennes tout en restant à la maison. Ils sont devenus notre principal outil de communication, de travail, de socialisation, de divertissement.

    Pour cette raison, garder un équilibre est plus difficile pour beaucoup. En temps «normal», la routine, les tâches et les obligations limitent jusqu’à un certain point l’utilisation des écrans. Mais ce n’est plus le cas avec le confinement. Autant pour les parents que les ados, la question à se poser est donc: quoi faire pour éviter que les écrans prennent trop de place dans nos vies?

  • En tant qu’experte en cyberdépendance, quel message voulez-vous transmettre aux parents qui pourraient être inquiets ou se sentir coupables du temps passé en ligne par leur ado actuellement?

    De garder en tête qu’une grande utilisation n’est pas toujours synonyme de problème. Puis, ce n’est pas parce qu’on fait des excès à un moment – on le fait parfois dans le temps des fêtes sur le plan alimentaire – que l’on ne reprendra pas nos bonnes habitudes par la suite.

    J’aimerais aussi rappeler que c’est important de discuter des écrans en famille de façon ouverte, comme on parle de saine alimentation ou d’exercice physique. Si on veut aborder le sujet du poids, on ne parle pas d’obésité, mais plutôt d’image corporelle, et on mise sur les saines habitudes de vie. Même chose pour les écrans: il ne faut pas avoir toujours peur du spectre de la cyberdépendance et se concentrer sur les saines habitudes numériques.

    Dans le même ordre d’idées, au lieu de toujours parler avec nos enfants de temps d’écran et de ses méfaits, mettons l’accent sur l’importance de prendre de petites pauses au cours de la journée: 15 minutes toutes les deux heures par exemple.

  • Quel est le rôle du parent en ce moment dans la gestion des écrans de son ado, en sachant que c’est un moyen de rester en contact avec ses amis et de se désennuyer étant donné les activités encore limitées?

    Le parent a le rôle d’en discuter avec son jeune, pas en jouant à la police, mais en lui demandant comment il se sent quand il utilise les écrans et en lui faisant remarquer ses excès s’il y a lieu. Ensemble, tentez de vous adapter à la nouvelle situation, de trouver une nouvelle routine en vous assurant que le temps d’écran n’empiète pas sur les autres aspects de la santé, comme bouger et dormir.

    Le parent a également un rôle de modèle. Nous aussi, on doit se demander si l’on prend suffisamment de pauses des écrans durant la journée pour faire autre chose.

  • Dans un précédent billet de blogue, vous vous êtes prononcée sur les éléments qui devraient inquiéter les parents quant à l’utilisation des écrans de leur ado. Est-ce que ce sont les mêmes éléments en période de confinement?

    C’est difficile à dire, parce que les signes sont moins évidents à détecter en temps de confinement. Par exemple, la ligne entre le temps d’utilisation nécessaire et celui qui ne l’est pas est plus mince. Par contre, on peut commencer à se questionner sur notre ado quand on perçoit une rigidité dans son comportement, quand son temps d’écran empiète sur les heures de repas ou sur ses nuits de sommeil ou quand il semble avoir perdu ses repères notamment. Souvent, juste le fait d’en parler avec le jeune est suffisant pour le ramener vers des habitudes numériques plus saines.

  • Selon vous, qui êtes la présidente du comité d’experts, comment PAUSE peut-elle venir en aide aux parents d’ados quant à l’utilisation des écrans?

    Le site Pausetonécran.com offre de l’information de qualité, des outils pratiques et des ressources dans le but d’alimenter des conversations en famille sur les écrans qui permettront de comprendre les besoins de chacun et de s’entendre sur des règles d’utilisation. Le site invite aussi le parent à faire le point sur son propre temps passé en ligne pour être un modèle positif pour son enfant.

    Le message de PAUSE n’est pas de se couper d’Internet et des écrans, ce qui est impossible et non souhaitable de toute façon, mais d’en viser une utilisation équilibrée et consciente. À ce sujet, l’équipe de PAUSE vient de produire un petit guide pratique à l’intention des parents, qui inclut un plan personnalisable pour aider toute la famille à mieux gérer les écrans. Un outil très pertinent dans la période actuelle!

Si vous avez des questions ou des inquiétudes concernant l’usage d’Internet et des écrans de votre jeune, n’hésitez pas à contacter une ressource d’aide.

Dre Magali Dufour est psychologue spécialisée en cyberdépendance, professeure agrégée au Département de psychologie de l’UQAM et présidente du comité d’experts de PAUSE.

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