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Méfaits et cyberdépendance
Méfaits et cyberdépendance
11 avril 2023
Si vous utilisez les réseaux sociaux, vous savez que le défilement de photos retouchées finit par affecter négativement l’estime de soi et la satisfaction corporelle. Eh bien, c’est la même chose pour votre ado. En avez-vous déjà discuté ensemble? Savez-vous comment l’accompagner afin d’améliorer son expérience en ligne?
Les réseaux sociaux nous exposent à un flot continu d’images qui véhiculent des standards de beauté très peu diversifiés, soit des corps minces pour les femmes et musclés pour les hommes; des corps fermes, jeunes et sans défaut. Une majorité d’utilisateurs ont même recours à des filtres et retouchent leurs photos dans le but d’améliorer leur apparence. Or, à force de faire défiler nos fils d’actualité, on finit par intégrer cette vision déformée de la réalité… et on ressent de plus en plus d’insatisfaction par rapport à notre corps.
Si les adultes n’y échappent pas, les jeunes y sont encore plus vulnérables puisqu’ils et elles traversent une période qui mêle recherche identitaire et besoin de reconnaissance de la part de leurs pairs. Une étude québécoise publiée l’an dernier a d’ailleurs montré «qu’une augmentation de l’usage des médias sociaux est associée à une baisse de l’estime de soi et à un accroissement des symptômes liés aux troubles alimentaires chez les adolescents».
Andréanne Poutré est cheffe de projets chez ÉquiLibre, un organisme qui vise entre autres à favoriser le développement d’une image corporelle positive chez les individus. Selon elle, l’incidence des réseaux sociaux sur notre estime n’est pas uniquement liée au temps d’utilisation, mais aussi à la façon dont ils sont employés. «Lorsque leur usage est davantage axé sur l’apparence – par exemple lorsqu’une personne publie beaucoup de selfies ou retouche ses photos pour améliorer son apparence –, les répercussions négatives sur l’image corporelle sont nécessairement plus importantes», mentionne-t-elle. La cheffe de projets chez ÉquiLibre ajoute que les caractéristiques individuelles entrent également en jeu: «Un jeune qui a une faible estime de lui-même à la base, qui a tendance à se comparer aux autres ou qui a internalisé les standards de beauté sera plus influencé négativement.»
«La diversité corporelle n’est pas un sujet qu’on aborde forcément en famille, mais il faut prendre le temps d’en parler avec son enfant», clame Andréanne Poutré. «C’est important de valoriser la diversité naturelle des corps, dit-elle, de normaliser le fait que chaque corps est différent, unique et qu’il mérite le respect.»
On peut, par le fait même, en profiter pour déconstruire certains préjugés ou fausses croyances. «L’enfant doit savoir que le poids n’est pas quelque chose de facilement modifiable ou contrôlable, malgré ce que l’industrie de la minceur veut nous laisser croire, poursuit-elle. Ça pourrait lui enlever une certaine pression ou de la culpabilité par rapport à ça.» Puis, au quotidien, on veille à encourager de saines habitudes de vie et à valoriser notre ado pour autre chose que son apparence afin de contribuer à une estime de soi diversifiée.
Évidemment, l’idée n’est pas d’interdire les réseaux sociaux à votre ado puisque ceux-ci représentent un moyen, sinon le principal moyen, de communiquer avec ses amis. Par contre, il faut faire preuve de vigilance quant à l’utilisation qu’il ou elle en fait. Andréanne Poutré soutient qu’il y a plusieurs moyens d’aider votre jeune à améliorer son expérience sur les réseaux sociaux.
Plusieurs signes peuvent indiquer que votre enfant a développé une image corporelle négative (que ce soit dû aux réseaux sociaux ou non), tels que:
Certains jeunes peuvent également:
Si l’on observe ces signes chez notre jeune, c’est important d’ouvrir la discussion sur le sujet en lui faisant part de nos observations et inquiétudes, puis d’être à l’écoute de ce qu’il ou elle a à dire, sans jugement et sans minimiser les sentiments qu’il ou elle ressent par rapport à son corps. «Aussi, on peut lui demander quelle est son utilisation des réseaux sociaux, ce qu’il ou elle regarde et publie, pour essayer de l’accompagner afin que les conséquences soient le moins négatives possible… et peut-être même positives grâce à du contenu bienveillant et qui fait la promotion de la diversité corporelle», indique Andréanne Poutré.
Si vous ou votre ado vivez des difficultés en lien avec votre image corporelle ou un trouble alimentaire, n’hésitez pas à contacter la ligne d’écoute et de références d’Anorexie et boulimie Québec (ANEB) au 1 800 630-0907. Vous pouvez également suivre l’organisme ÉquiLibre sur Instagram et Facebook.
Andréanne Poutré est cheffe de projets chez ÉquiLibre.
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