Améliorer ses habitudes
Méfaits et cyberdépendance
La fatigue numérique affecte-t-elle votre famille?
18 avril 2023
Votre ado passe beaucoup de temps en ligne et vous avez remarqué que cela affecte son énergie et son humeur? Il vit peut-être une forme de fatigue numérique. En prendre conscience est le premier pas vers l’adoption de meilleures habitudes numériques, pour lui comme pour vous.
La fatigue numérique, c’est quoi?
Comme son nom l’indique, la fatigue numérique est un épuisement causé par une utilisation importante d’Internet et des écrans. Le phénomène semble s’être généralisé lors de la pandémie, les périodes de confinement ayant fait augmenter notre temps d’écran à tous. On a alors commencé à entendre parler de «fatigue de l’apprentissage en ligne», de «fatigue liée à la visioconférence» et de «surcharge informationnelle».
«Le point commun à toutes ces formes de fatigue numérique, c’est la surcharge cognitive, c’est-à-dire un état de saturation mentale et de malaise qui compromettent notre habileté à trier et à traiter l’information», explique Charles-Antoine Barbeau-Meunier, médecin résident en psychiatrie à l’Université de Toronto et expert sur le bien-être numérique.
Les signes et symptômes de la fatigue numérique
Brouillard cérébral qui entraîne une difficulté à se concentrer et à fixer son attention, baisse de motivation et d’énergie, yeux qui chauffent ou qui piquent, tensions musculaires, sentiment d’anxiété ou de se sentir dépassé, maux de tête, hausse de l’irritabilité et de l’impatience, insomnie…
Les causes de la fatigue numérique
Si la plupart des signes et symptômes de la fatigue numérique sont similaires à ceux du stress chronique, ce n’est pas un hasard selon le médecin résident, également membre du conseil d’administration du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL).
«L’environnement numérique est souvent surstimulant. Il exige des prouesses cognitives qui engendrent du stress. Comme on vit dans un monde hyperconnecté, ce stress tend à se chroniciser si l’on ne modère pas notre exposition.»
médecin résident en psychiatrie à l’Université de Toronto et expert sur le bien-être numérique
Facteurs contribuant à la surcharge cognitive:
- L’hyperconnectivité: Le fait d’avoir accès à Internet presque partout et en tout temps nous amène à y consacrer beaucoup de temps et d’attention. Comme la vie en ligne ne prend pas de pause, ça en incite plusieurs à y retourner fréquemment par peur de manquer quelque chose (FOMO), par automatisme ou pour se désennuyer dès qu’il y a un moment d’attente. Tout ça n’est pas reposant!
- La surcharge informationnelle: Grâce à nos cellulaires et aux autres écrans, on a facilement accès à une quantité inimaginable d’informations. Par conséquent, on est également exposé à beaucoup d’informations non sollicitées, surtout sur les réseaux sociaux, qui nous bombardent de publications, de publicités, d’articles, de photos, de vidéos et d’études de toutes sortes.
- Le multitâche et les notifications: Faire plusieurs choses en même temps, tout en recevant toutes sortes de notifications, créé une surcharge. «Le cerveau est incapable de traiter toutes les informations en simultané parce que chaque action requiert des fonctions cognitives différentes. Le fait d’alterner notre attention continuellement vient donc surstimuler le cerveau, qui est en perpétuel ajustement», précise le Dr Barbeau-Meunier.
- Le contenu: Les plateformes en ligne cherchent à susciter de l’émotion chez nous afin de maintenir notre attention et de nous garder le plus longtemps possible sur leur site. On n’a qu’à penser aux fausses nouvelles et aux pièges à clics (clickbait). Lorsqu’on est en ligne, on ne sait donc jamais sur quel contenu on peut tomber et certains peuvent être anxiogènes ou stressants. C’est sans compter la violence qu’on peut subir ou qu’on peut voir, autant les commentaires mesquins sur les réseaux sociaux que les insultes ou la cyberintimidation. Selon le médecin résident en psychiatrie: «La régulation émotionnelle requiert des ressources cognitives qui peuvent entrer en compétition avec d’autres fonctions cognitives, telles que la concentration et la planification.»
- L’effondrement du contexte: Avec les rencontres en visioconférence, on n’a pas accès à tout le langage non verbal de nos interlocuteurs, aux microexpressions sur leur visage et à la réciprocité des regards comme en face à face. Et c’est pire avec les échanges de textos, qui nous coupent aussi des intonations de la voix. «Cela rend plus difficile l’interprétation de la communication et des intentions de l’autre, une tâche déjà ardue cognitivement puisqu’elle nécessite la lecture d’une multitude de signaux subtils», fait remarquer le Dr Barbeau-Meunier.
8 conseils pour éviter la fatigue numérique
Avec votre ado, discutez des activités numériques qui vous énergisent et de celles qui vous épuisent. Comme il n’y a pas deux expériences numériques identiques, les réponses pourraient vous surprendre! Partez ensuite de vos constats pour trouver à chacun des façons d’améliorer ses expériences en ligne.
Besoin d’un coup de pouce? Voici plusieurs habitudes que vous pouvez adopter afin de réduire la fatigue numérique. Optez pour la méthode des petits pas en modifiant une habitude à la fois, tout en respectant votre rythme.
- Lorsque vous devez vous concentrer sur une tâche, réduisez les interruptions en désactivant les notifications sur vos appareils.
- Pour éviter de passer d’une activité à l’autre tout au long de la journée, regroupez les tâches similaires pour les effectuer d’un coup, comme de répondre aux courriels et aux textos.
- Quand vous devez passer beaucoup de temps sur un appareil pour l’école ou le travail, autorisez-vous des pauses fréquentes (p. ex.: 5 minutes toutes les 25 minutes d’utilisation). Recourez à un minuteur pour vous rappeler de vous arrêter.
- Planifiez un ou deux moments dans la journée qui seront destinés aux réseaux sociaux (en établissant une limite de temps au préalable) au lieu de les consulter par automatisme plusieurs fois par jour.
- Privilégiez les interactions en face à face ou de vive voix par appel téléphonique plutôt qu’en ligne lorsque c’est possible.
- Pratiquez le repos cognitif, c’est-à-dire réaliser des activités composées d’une seule tâche, de préférence relaxante ou ancrée dans le moment présent, comme la peinture, l’écriture, le sport, la lecture d’un livre papier et la méditation pleine conscience.
- Réduisez votre exposition au contenu anxiogène ou stimulant en faisant le ménage dans vos abonnements sur les réseaux sociaux, aux infolettres et aux plateformes d’actualité.
- Planifiez des moments sans écran dans la journée.
«Finalement, le conseil le plus important est de développer un esprit critique et une approche consciente face à son utilisation d’Internet et des écrans», rappelle Charles-Antoine Barbeau-Meunier.
Sources: harleytherapy.co.uk, atelier10.ca
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