Quand s'inquiéter?
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Miguel Therriault
Coordonnateur des services professionnels, Le Grand Chemin, centres spécialisés pour adolescents (toxicomanie, jeu excessif, cyberdépendance)
Miguel Therriault a été diplômé en service social à l’Université Laval en 1996 et œuvre en dépendance depuis. En 2012, il est devenu coordonnateur des services professionnels au centre Le Grand Chemin, où il a assuré, entre autres, l’adaptation et la révision du programme pour les problématiques concomitantes de santé mentale et de dépendance, ainsi que l’implantation d’un service structuré pour les adolescents ayant une utilisation problématique d’Internet, après quoi il a offert de nombreuses formations et conférences sur ce sujet.
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Quand s'inquiéter?
Les jeux vidéo sont-ils dangereux?
12 juillet 2021
Fortnite, ça vous dit quelque chose? Les témoignages de parents dépassés devant l’obsession de leur jeune pour ces jeux se multiplient. Des spécialistes appellent à un encadrement de cette activité. Mais qu’en est-il exactement? Miguel Therriault, du centre Le Grand Chemin, nous donne l’heure juste.
Des jeux immersifs et attirants
Les jeux vidéo proposés aujourd’hui sont bien différents de ceux qui ont animé l’adolescence de la génération X (individus nés entre 1960 et 1980), qui a vécu l’âge d’or des arcades et des premières générations de consoles.
La nouvelle génération de «jeux en ligne massivement multijoueurs» permet à des milliers de personnes de jouer en même temps de façon compétitive ou collaborative. Les joueurs, qui y sont représentés par des avatars (personnages virtuels), communiquent entre eux et performent dans un monde qui continue d’évoluer, même en leur absence. Révolu le temps où on pouvait mettre sa partie sur «pause»!
Outre pour le plaisir, ces jeux sont habilement conçus pour attirer et retenir les joueurs.
- Le sentiment d’appartenance à son équipe pousse le joueur à demeurer en ligne.
- La reconnaissance sociale liée à l’apparence et à la performance de son avatar pousse le joueur à s’améliorer.
- L’effet immersif des jeux pousse le joueur à perdre la notion du temps et le contact avec certains besoins, comme dormir.
- La réaction dans la zone du plaisir du cerveau pousse le joueur à répéter le comportement.
Toutes ces caractéristiques proposent une expérience beaucoup plus riche, mais potentiellement plus «addictive».
Risque de cyberdépendance?
Certaines vulnérabilités personnelles ainsi que le vécu d’un jeune peuvent l’amener à s’investir de façon importante dans le jeu en ligne au détriment de ses activités hors ligne. Les problèmes de santé mentale, les difficultés scolaires, l’intimidation et la faible estime de soi sont des exemples de situations qui peuvent faire en sorte qu’un jeune trouve sa vie en ligne plus rassurante et satisfaisante que sa vie hors ligne.
Un surinvestissement du jeune dans l’univers du jeu peut déclencher une perte de contrôle, une obsession et un ensemble de problèmes pouvant nuire à son fonctionnement (conflits, troubles du sommeil, échec scolaire, perte d’emploi, etc.)… auxquels peuvent s’ajouter d’importantes souffrances. C’est lorsque ces symptômes se manifestent de façon claire, sur une longue période que l’on peut soupçonner une cyberdépendance.
On estime que 1,3 % des adolescents présenteraient une cyberdépendance, alors que 18 % d’entre eux auraient une utilisation à risque. Ce sont des statistiques préoccupantes qui justifient le besoin d’offrir des services pour les jeunes en difficulté. Cependant, cela rappelle quand même que la grande majorité des ados jouent sans problème et en retirent des avantages.
Toutefois, nous devons rester vigilants devant l’offre grandissante des jeux vidéo, entre autres via les plateformes de streaming, permettant de jouer en ligne partout et en tout temps, à partir de différents appareils, dont le cellulaire.
6 conseils pour encadrer les jeux vidéo
Voici quelques conseils pour vous aider à favoriser une utilisation équilibrée des jeux vidéo dans votre famille:
- Intéressez-vous au jeu préféré de votre enfant et tentez de comprendre pourquoi il l’apprécie.
- Assurez-vous que les jeux sont adaptés à l’âge de votre enfant: certains jeux sont classés pour tous, alors que d’autres sont classés «mature» (17 ans et plus).
- Négociez avec votre jeune un temps limite de jeu, qu’il peut gérer progressivement en ayant une banque de temps hebdomadaire. Utile pour développer son autocontrôle!
- Utilisez une minuterie visible ou une application pour aider votre enfant à contrôler le temps d’utilisation.
- Assurez-vous que votre jeune est engagé dans des activités hors ligne (sport, groupe d’impro, programme des Scouts, etc.) qui permettent le développement d’habiletés sociales.
- Proposez des moments sans écran en famille!
L’utilisation des jeux vidéo doit s’intégrer à une vie hors ligne (et non l’inverse!) dans laquelle nos besoins physiques, sociaux et de réalisation de soi sont comblés. L’important est de viser l’équilibre!
Votre jeune vous inquiète?
Si la consommation de jeux vidéo de votre enfant vous préoccupe, il est important de lui en parler. Mais évitez l’approche moralisatrice ou l’affrontement, jamais productifs!
Essayez plutôt de vous intéresser à ses jeux et demandez-lui ce qui l’amène à passer du temps en ligne. Ensuite, exprimez-lui vos inquiétudes en lui faisant part de vos observations: temps passé sur le jeu, conséquences négatives comme le retrait de la famille, le manque de sommeil, une baisse d’activité physique, etc. Enfin, déterminez ensemble des gestes concrets pour en venir à une utilisation plus équilibrée des jeux vidéo. Et refaites régulièrement le point! S’il y a lieu, proposez-lui d’aller chercher de l’aide et n’hésitez pas à identifier des ressources pour vous soutenir en tant que parent.
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