Le cellulaire de votre ado nuit à son sommeil

Les ados ont toujours une bonne raison de laisser leur cellulaire sur leur table de chevet pendant la nuit: besoin d’une alarme pour se réveiller le lendemain, de terminer un devoir avant de se coucher, d’écouter de la musique pour s’endormir… Mais connaissez-vous toutes les conséquences négatives de cette habitude?

Si vous avez lu notre article rédigé en collaboration avec la neuropsychologue Johanne Lévesque, vous savez déjà que les écrans ne sont pas trop bons pour le sommeil. Les études rapportent en effet qu’une utilisation inadéquate des écrans le soir ou la nuit a des conséquences sur la qualité et la quantité de sommeil des ados.

Cellulaire dans la chambre = moins de sommeil

Plusieurs parents permettent à leur ado de garder leur cellulaire dans leur chambre pendant la nuit. Or, les jeunes reçoivent une tonne de notifications sur leur cellulaire tous les jours… y compris en soirée et durant la nuit! Le média américain Common Sense soutient que la moitié des ados ayant répondu à leur sondage l’an dernier reçoit plus de 237 notifications par jour. Pire: 5 % des notifications surviennent pendant la nuit! Évidemment, les jeunes ne se réveillent pas chaque fois que leur cellulaire vibre, s’allume ou sonne pour annoncer un nouveau message ou une nouvelle actualité. Mais on s’entend pour dire que cela peut retarder l’endormissement et perturber le sommeil.

Vous croyez résoudre le problème en demandant à votre ado d’activer le mode concentration ou avion sur son cellulaire pendant la nuit? Cela permettra en effet de rendre les notifications et les appels silencieux. Vous oubliez cependant la grande tentation que représentent les écrans pour les jeunes et leur manque d’autocontrôle lorsqu’ils et elles les utilisent. Dans le documentaire Screenagers, on apprend que le simple fait d’avoir un téléphone dans sa chambre (même s’il n’est pas utilisé) double les risques que le jeune ne dorme pas suffisamment.

Rappelons que la recommandation est de 8 à 10 heures de sommeil par nuit pour les ados.

Comment les cellulaires nuisent-ils au sommeil?

Le sondage de Common Sens Media révèle pour sa part que, les nuits de semaine (entre minuit et 5 heures du matin), près de 60 % des ados utilisent leur cellulaire. Leurs principales activités sont d’aller sur YouTube (47 %) et sur les réseaux sociaux (39 %) ou de jouer à des jeux (29 %). Le temps médian passé sur le téléphone pendant la nuit est de 20 minutes. Certains jeunes y consacrent quelques minutes, alors que d’autres prolongent leur utilisation, et ce, jusqu’à 5 heures dans certains cas.

On sait déjà que la lumière bleue émise par les écrans, comme les cellulaires, perturbe la production de mélatonine, l’hormone qui facilite l’endormissement. Il faut aussi comprendre que les activités préférées des jeunes sur leur téléphone sont très stimulantes. L’application TikTok, par exemple, est fréquemment consultée par les jeunes avant le coucher ou durant la nuit, selon Common Sense Media. Or, cette application est reconnue pour être surstimulante parce que les vidéos présentées sont de courte durée notamment. La stimulation peut aussi être causée par le multitâche, comme l’échange de textos tout en «scrollant» sur un média social ou en jouant en ligne.

Bref, les ados qui utilisent leur cellulaire dans leur lit ont tendance à s’endormir plus tard, à avoir des heures de sommeil moins régulières et à dormir moins longtemps.

7 conseils pour sortir les cellulaires des chambres de vos ados

Pour régler la situation, le mieux est d’interdire les cellulaires (et tous les types d’écrans tant qu’à y être) dans les chambres à coucher pendant la nuit… et ça vaut pour vous aussi! Voici comment présenter cette nouvelle habitude numérique à votre ado:

1. Discutez avec votre jeune de son utilisation du cellulaire dans sa chambre durant la soirée et la nuit. Demandez-lui, entre autres, s’il ou elle croit que son téléphone nuit à son sommeil.
2. Expliquez-lui pourquoi vous instaurez cette règle dans la maison pour tout le monde. Faites-lui part, notamment, des conséquences possibles sur son sommeil de l’utilisation du cellulaire dans sa chambre durant la soirée et la nuit.
3. Si votre jeune montre de la résistance, parlez-en. Déterminez ensemble les raisons pour lesquelles il ou elle souhaite garder son cellulaire dans sa chambre durant la nuit. Puis trouvez des solutions. Votre ado a besoin d’une alarme pour se réveiller le matin ou pour connaître l’heure pendant la nuit? Procurez-lui un réveille-matin. Votre jeune a besoin de musique pour s’endormir? Fournissez-lui une radio ou un vieil iPod. Si votre jeune vous demande de conserver son cellulaire dans sa chambre en jurant de désactiver les notifications, rappelez-lui le pouvoir d’attraction des écrans, même quand ils sont fermés.
4. Déterminez ensemble l’horaire de fermeture de son cellulaire pendant la nuit. Puis dites à votre ado d’avertir ses proches qu’il ou elle ne sera pas joignable durant ces heures, pour éviter qu’il ou elle ait l’air de les ignorer soudainement.
5. Instaurez dans la maison une station de recharge pour les appareils mobiles dans une aire commune, soit dans la cuisine ou le salon. Demandez que tous les appareils s’y retrouvent 1 heure avant le coucher et pour toute la nuit. L’idéal est que vous fassiez de même afin de montrer le bon exemple.
6. Proposez à votre jeune de prendre l’habitude de lire en soirée dans sa chambre. Allez ensemble à la bibliothèque pour emprunter des livres qui l’intéressent et qui pourront être laissés sur sa table de chevet.
7. Persévérez dans l’application de cette nouvelle règle. Cela vaut même si vous rencontrez de la résistance de la part de votre ado ou que cela crée des conflits entre vous.

Après quelques jours ou quelques semaines, faites un retour avec votre jeune sur son état général. Son sommeil est-il plus récupérateur? Est-ce que la fatigue se fait moins sentir durant la journée? Est-ce que sa concentration est meilleure? En voyant tous les bienfaits des bonnes nuits de sommeil, votre enfant comprendra que dormir sans cellulaire dans sa chambre est pour son bien.

Sources: commonsensemedia.org, ncbi.nlm.nih.gov, screenagersmovie.com, thelancet.com, the conversation.com, jamanetwork.com, ors-idf.org