Les études montrent un lien clair: plus les jeunes sont exposés à des contenus sur les réseaux sociaux en lien avec l’alcool et d’autres substances, comme la cigarette électronique et le cannabis, plus ils et elles sont susceptibles d’en consommer. Comprendre le phénomène vous permettra de mieux intervenir auprès des jeunes et de leurs parents à ce sujet.
Les ados qui utilisent les réseaux sociaux sont exposés à beaucoup de contenus en lien avec l’usage de l’alcool et d’autres substances. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’âge légal au Québec pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux est de 14 ans.
Les différents types de contenus en lien avec la consommation
- Les publicités. Une étude australienne datant de 2023 a recensé 40 000 publicités d’alcool distinctes en un an sur Facebook et Instagram seulement, ce qui représente 765 publicités différentes par semaine! Résultat: près de 80 % des jeunes de 15 à 21 ans ont déclaré voir des publicités d’alcool toutes les semaines sur les réseaux sociaux, selon un rapport français publié l’an dernier. Les publicités vont évidemment promouvoir une image positive de l’alcool, en l’associant au glamour, aux vacances, à la fête et à l’humour, ce qui est attirant pour les jeunes.
- Les publications du cercle social. Il a déjà été démontré que les ados sont plus susceptibles de boire de l’alcool lorsque leurs amies et amis le font. Sur les réseaux sociaux, les jeunes qui publient des photos prises lors de fêtes où il y a une consommation d’alcool visible ou des commentaires au sujet de ces soirées vont donc influencer les autres à consommer. Ces publications peuvent également donner l’impression que « tout le monde boit » ou encore renforcer l’idée que boire est « normal » ou même nécessaire pour s’amuser.
- Les influenceurs et influenceuses. Ces vedettes des réseaux sociaux ont des styles de vie auxquels plusieurs jeunes aspirent. Lorsqu’elles se montrent en ligne avec un cocktail, une vapoteuse ou un joint de cannabis, cela peut donner l’impression que ces comportements sont cool ou sans danger, poussant potentiellement les jeunes à faire de même. Certains influenceurs et influenceuses sont même commandités par des compagnies d’alcool pour faire la promotion (plus ou moins) subtile de leurs produits.
- Les pages officielles des compagnies d’alcool. Celles-ci savent comment attirer l’attention des gens sur les réseaux sociaux et créer des liens avec eux, par exemple avec des concours, des vidéos humoristiques ou des sondages. Encore une fois, la consommation d’alcool est présentée comme une source de plaisir et peut donner l’envie aux jeunes de consommer.
Le problème des contenus en lien avec la consommation de substances
Ces types de contenus banalisent ou normalisent la consommation, lorsqu’ils n’en font pas carrément la promotion. Il faut aussi savoir qu’une ou un ado qui s’attarde à une vidéo ou aime une publication de ce genre se verra proposer d’autres contenus similaires à cause des algorithmes des réseaux sociaux. Tout cela encourage les ados à consommer ou à augmenter leur consommation… en omettant les risques de ces substances, pour la santé entre autres.
L’enjeu est d’autant plus important que l’adolescence est une période de grande vulnérabilité, causée notamment par la construction identitaire, le désir d’appartenance, l’influence des pairs et le développement du cerveau.
Quels sont les risques d’exposer les jeunes à des contenus en lien avec la consommation?
Plusieurs études ont démontré les risques pour les ados de l’exposition à du contenu faisant la promotion de l’alcool ou d’autres substances, telles que les cigarettes électroniques ou le cannabis, notamment sur:
- l’intention et les probabilités de boire de l’alcool;
- les croyances positives envers l’alcool;
- le nombre de consommations;
- les probabilités de consommation excessive d’alcool ou de consommation dangereuse (binge drinking);
- les probabilités de comportements à risque (ex.: relations sexuelles non protégées, conduite avec facultés affaiblies, bagarres).
Consommation et réseaux sociaux: comment intervenir auprès des ados et de leurs parents?
Discuter avec les jeunes des contenus sur les réseaux sociaux en lien avec l’alcool et les drogues.
Voici plusieurs pistes de discussion afin de favoriser leur réflexion:
- Interrogez-les sur les types de contenus liés à la consommation de substances qu’ils et elles ont vus et sur leur perception de ces contenus.
- Demandez-leur si ces contenus leur donnent l’impression que tous les ados consomment et si cela semble influencer leur comportement ou leur attitude envers l’alcool ou les drogues.
- Aidez-les à comprendre que les compagnies d’alcool emploient des stratégies marketing subtiles mais efficaces pour vendre leurs produits et pousser les gens à les acheter.
- Expliquez-leur que les algorithmes vont leur proposer davantage de contenus similaires à ce qu’ils et elles regardent, apprécient ou commentent.
Aidez les ados à développer leur esprit critique face aux contenus en ligne.
- Rappelez-leur que les réseaux sociaux ne montrent qu’une version idéalisée de la vie des gens et que la consommation d’alcool et de drogues comporte des risques pour la santé.
- Recadrez si nécessaire les fausses croyances au sujet de la consommation d’alcool et de drogues en fournissant aux jeunes les bonnes informations.
- Au besoin, orientez-les vers des ressources en ligne, telles que Drogue: aide et référence.
Outillez les parents.
- Parlez-leur des répercussions que ces types de contenus sur les réseaux sociaux peuvent avoir sur leur ado. Plusieurs parents ignorent que leur jeune en voit.
- Encouragez-les à maintenir une discussion ouverte, bienveillante et sans jugement sur ce sujet à la maison.
- Rappelez-leur que leur rôle est d’accompagner leur enfant dans une utilisation des écrans qui est positive, équilibrée et qui procure un bien-être.
Demandez aux jeunes de configurer leurs réseaux sociaux de façon à réduire leur exposition à ces types de contenus.
- Sur TikTok, Instagram et Snapchat, par exemple, il est possible de réduire les publicités en lien avec l’alcool. (Sur Instagram: Espace compte > Préférences publicitaires > Sujets > Désactiver « Alcool, bière et vin ».)
Sensibilisez les ados à leur temps d’écran.
Selon une étude réalisée par le CHU Sainte-Justine, plus les ados passent de temps devant la télé et sur les réseaux sociaux, plus leur perception de l’alcool sera positive et plus ils et elles auront tendance à en consommer par la suite. Rappelons que la recommandation de temps d’écran pour les ados est de deux heures maximum par jour pour les loisirs. Pour les aider à réduire leur temps d’écran, encouragez-les à diversifier leurs intérêts (ex.: activités parascolaires et sportives, clubs de science, bénévolat, projets collectifs).