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Méfaits et cyberdépendance
La sextorsion en 5 questions
16 juillet 2024
En 2023, Cyberaide.ca a rapporté une hausse de 150 % des cas de sextorsion en 6 mois. L’ampleur du phénomène est telle que l’on parle maintenant de «crise de sécurité publique». Et celui-ci vise plus particulièrement les jeunes, d’où l’importance d’aborder le sujet avec votre ado.
Comme parent, on veut croire que notre jeune ne sera jamais victime de sextorsion. Or, il faut reconnaître que les cas se multiplient: Cyberaide.ca, la centrale canadienne pour les signalements en la matière, a reçu en moyenne 10 signalements par jour en 2023. Et si vous croyez que le phénomène touche surtout les filles, détrompez-vous! Les dénonciations sont effectuées par des garçons dans 90 % des cas.
1. La sextorsion, c’est quoi?
La sextorsion est une forme de chantage qui survient lorsqu’une personne en menace une autre de rendre publiques des images intimes d’elle si celle-ci refuse de lui envoyer des images supplémentaires ou de l’argent.
De façon générale, les gens qui pratiquent la sextorsion communiquent avec leur victime via les réseaux sociaux ou les plateformes de messagerie instantanée (ex.: Instagram ou Snapchat) et de vidéoconférence. Ils ou elles peuvent aussi demander à la victime de se créer des comptes sur les réseaux sociaux dans le but de les utiliser pour piéger d’autres victimes. Ils et elles réussissent souvent à piéger leur victime en se faisant passer pour des ados.
Les extorqueurs et extorqueuses réussissent généralement à convaincre leur victime d’échanger des photos ou des vidéos à caractère sexuel en leur en transmettant une en premier ou en en promettant une. Ils et elles peuvent aussi persuader la victime de s’exhiber ou de se livrer à un acte sexuel devant la caméra et l’enregistrer à son insu. Une fois les images en main, le chantage commence. Celui-ci peut prendre plusieurs formes, comme:
- menacer de mettre en ligne les images compromettantes;
- menacer de les envoyer aux camarades de classe ou à la famille;
- menacer de s’en prendre physiquement à la famille ou à l’animal de compagnie.
2. Comment parler de la sextorsion avec mon ado?
La meilleure arme contre la sextorsion est la prévention. Vous sensibiliser et vous informer sur le phénomène (comme vous le faites en ce moment) vous permettront d’en discuter ouvertement et sur une base régulière avec votre enfant.
Voici 5 choses que votre ado devrait savoir concernant la sextorsion
Le site tefaispassextorquer.ca propose ces points de départ à des discussions parent-ado sur le sujet:
- Tu perds le contrôle des photos et vidéos intimes que tu envoies à une autre personne (même si c’est un ami proche ou une amoureuse). Elles peuvent tomber entre les mains d’une personne malintentionnée qui les utilisera pour t’humilier ou te faire du chantage.
- Tes conversations vidéo peuvent être enregistrées à ton insu. Oui, il y a un danger à s’exhiber devant une caméra, même quand c’est du direct.
- Des images préenregistrées peuvent t’être présentées en flux continu. Un adulte pourrait par exemple te présenter la vidéo d’une jeune fille pour te faire croire que tu es en communication avec elle.
- Une personne qui prétend que sa caméra ne fonctionne pas tente peut-être de cacher son identité.
- Il ne faut jamais céder aux menaces.
Le fait de se plier aux exigences d’un individu qui s’adonne à la sextorsion l’amène souvent à formuler d’autres demandes par la suite.
Selon 6 500 témoignages publiés sur un forum d’aide aux victimes qui ont été analysés par le Centre canadien de protection de l’enfance.
3. Comment améliorer la sécurité en ligne de mon jeune?
Les réseaux sociaux semblent être les plateformes privilégiées par les personnes qui s’adonnent à la sextorsion. Près de 80 % des cas signalés à Cyberaide.ca se sont produits sur Instagram ou Snapchat.
Afin d’augmenter la sécurité en ligne de votre jeune, conseillez-lui entre autres de:
- personnaliser les paramètres de confidentialité et de sécurité de ses appareils et de ses comptes sur les réseaux sociaux dans le but de désactiver ou de limiter le suivi de son emplacement ou de contrôler la quantité de renseignements qui peuvent être vus par les autres sur un réseau social, par exemple;
- ne pas suivre les comptes de gens inconnus et les empêcher de suivre ses comptes;
- ne pas répondre à des demandes d’appel vidéo provenant de personnes qu’il ou elle ne connaît pas personnellement.
4. Quoi faire si mon jeune est victime de sextorsion?
Expliquez à votre ado que, si un individu menace de partager ses photos intimes, il ou elle doit:
- en parler avec un ou une adulte de confiance (parents, acceptez le fait que votre enfant puisse hésiter à se confier à vous puisqu’il ou elle pourrait ressentir de la honte d’avoir envoyé des images intimes ou de s’être fait prendre, par exemple);
- cesser sur-le-champ d’entretenir une conversation avec lui en désactivant tous les comptes sur les réseaux sociaux (sans les supprimer) qui ont servi à communiquer avec lui;
- ne jamais céder aux menaces en envoyant de l’argent ou d’autres images, car cela risque d’aggraver la situation;
- conserver le plus d’informations possible sur l’individu qui pratique la sextorsion en notant son ou ses noms d’utilisateur sur les réseaux sociaux, en conservant toutes les images qui ont été échangées et en prenant des captures d’écran de toutes leurs conversations;
- aller chercher de l’aide et effectuer un signalement pour tenter d’éviter à d’autres jeunes de se faire prendre à leur tour.
5. Quelles sont les ressources d’aide en cas de sextorsion?
- Cyberaide.ca: centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet
- AidezMoiSVP.ca: site Web destiné aux jeunes qui ont des ennuis à cause d’une photo ou d’une vidéo à caractère sexuel qui circule en ligne
- Jeunesse, J’écoute: service de santé mentale en ligne gratuit et confidentiel, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur ;7
Bref, même s’il n’est pas toujours facile de parler de sujets en lien avec la sexualité avec votre jeune, c’est important d’ouvrir la discussion sur la sextorsion. Parlez-en avec empathie et bienveillance, de façon à lui faire comprendre qu’il ou elle peut venir vous en parler en tout temps, peu importe ce qui lui arrive.
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