Préados et réseaux sociaux: trop jeunes pour s’ouvrir un compte?

Au Québec, l’âge minimal pour ouvrir un compte donnant accès à la plupart des réseaux sociaux est de 14 ans. Mais les jeunes souhaitent parfois y avoir accès bien avant. Votre enfant vous a fait la grande demande? Voici quelques éléments à prendre en compte avant de lui donner la permission… ou pas.

Autoriser votre préado à utiliser les réseaux sociaux n’est pas une décision qui se prend à la légère. Les experts recommandent d’ailleurs de retarder l’introduction des jeunes aux médias sociaux le plus longtemps possible parce que ceux-ci les exposent entre autres à une vision irréaliste de la vie des autres, à la pression et au jugement de leurs pairs, à la cyberintimidation ainsi qu’à la propagation de rumeurs et de fausses informations. Et tout cela peut avoir des conséquences négatives sur leur vie hors ligne, que ce soit sur leur vie sociale, leurs résultats scolaires, leur sommeil, leur humeur ou leur bien-être en général.

14 ans minimum

Il faut aussi savoir que ce n’est pas une coïncidence si la majorité des réseaux sociaux ont établi l’âge minimal pour les utiliser à 14 ans, comme c’est le cas de Twitter, Facebook, Instagram, TikTok et WhatsApp. Ils se conforment ainsi à la loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé qui interdit la collecte et le stockage des données personnelles des enfants de moins de 14 ans. Aux États-Unis, certaines plateformes vont plus loin: le consentement d’un parent est par exemple requis pour les jeunes de 14 à 18 ans qui souhaitent s’inscrire à Snapchat; même chose pour les 14 à 15 ans qui veulent se créer une chaîne YouTube.

Avoir un compte sur un réseau social: une question de maturité

Si votre préado souhaite s’ouvrir un compte sur un réseau social, demandez-vous s’il possède la maturité nécessaire. Questionnez-vous sur les points suivants:

• Saisit-il l’importance de les utiliser de façon sécuritaire? Réussira-t-il à préserver sa vie privée et celle de ses amis? Saura-t-il signaler les publications ou les comportements inappropriés? Se méfiera-t-il des inconnus qui lui font des demandes d’amitié ou qui l’approchent?
• Possède-t-il les compétences sociales et émotionnelles pour gérer les expériences négatives en ligne, comme les conflits avec ses «amis», le jugement des autres sur ses publications, la déception ou le sentiment de rejet s’il ne récolte pas suffisamment de J’aime de même que les inévitables comparaisons avec les autres?
• Saisit-il la notion d’empreinte numérique? Sait-il que tout ce qui est mis en ligne reste en ligne et pourrait ressurgir à n’importe quel moment? Qu’il ne devrait jamais publier de contenu qui pourrait l’embarrasser ou nuire à sa réputation plus tard?

8 points à couvrir avec votre enfant si vous acceptez qu’il s’ouvre un compte

Si vous envisagez la possibilité d’autoriser votre préado à s’ouvrir un compte sur un réseau social, renseignez-vous sur celui-ci en lisant notamment les conditions d’utilisation et les paramètres de confidentialité. Si vous décidez de le lui permettre, une discussion s’impose dans laquelle vous aborderez plusieurs points, dont les suivants:

1. La configuration de son compte, pour le rendre privé ou pour désactiver les mentions J’aime entre autres. Pensez aussi à le limiter à un seul compte.
2. Le type de contenu qu’il n’est pas autorisé à publier, tel que des vidéos sensibles, violentes ou vulgaires, des messages blessants ainsi que des informations personnelles comme son numéro de téléphone ou votre adresse.
3. Les moments appropriés pour regarder son fil d’actualité ainsi que la fréquence et la durée d’utilisation (p. ex. : une fois par jour au retour de l’école pendant 30 minutes).
4. Les endroits où il sera permis de consulter son compte, comme les aires communes, et les pièces où ce sera interdit, telles que sa chambre à coucher.
5. Le savoir-vivre en ligne (p. ex. : demeurer poli et respectueux dans ses échanges avec les autres, demander le consentement des personnes qui se trouvent sur la photo avant de la publier).
6. Les risques qui viennent avec l’usage des réseaux sociaux, comme la cyberintimidation, l’impact négatif possible sur son image corporelle et sur son estime, le sextage, le catfishing de même que l’exposition à du contenu inapproprié, à de la pornographie en ligne et aux publicités non réglementées qui peuvent encourager des conduites parfois dangereuses ou illégales (p. ex. : jeux de hasard et d’argent, consommation d’alcool, chirurgie esthétique).
7. Ce qu’il doit faire dans différentes situations, par exemple s’il reçoit une demande d’amitié ou des messages de la part d’un inconnu, s’il est victime de cyberintimidation ou si une photo embarrassante de lui est mise en ligne. Rappelez-lui qu’il peut toujours venir vous en parler.
8. Le mot de passe de son compte ne doit pas être divulgué à ses amis, mais vous pouvez lui demander de vous le confier. Il est également possible de vous créer un compte pour suivre ses activités en ligne.

Vous refusez que votre préado s’ouvre un compte?

Rappelez-vous qu’il est tout à fait justifié de refuser à votre préado de s’ouvrir un compte sur un réseau social. L’important, c’est de prendre une décision en accord avec vos valeurs, même si, par exemple, votre jeune la trouve injuste parce que ses amis y ont accès.

Veillez finalement à garder la conversation ouverte sur le sujet avec lui… avant et après qu’il souffle sur ses 14 bougies!

Par Amélie Cournoyer, journaliste indépendante

Sources: familyzone.com, techtarget.com, psychologytoday.com, raisingchildren.net.au